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Twin Peaks (c) D.R. THE LYNCHIAN TIMES
5 février 2002
Par Roland KERMAREC



" If we fall in love with certain ideas we don’t forget them.
If we fall in love with a certain girl we just can’t forget her.
 "


Si traquer nerveusement des œufs aux quatre coins d’un jardinet de campagne, enveloppé dans la brume pénétrante d’une matinée pascale, est hélas une tradition en passe d’être surannée, se lancer dans la quête d’œufs numériques paraît par contre connaître un succès foudroyant. Cette battue virtuelle cumule d’ailleurs les avantages : on peut l’effectuer chaudement emmitouflé devant l’écran de sa télévision ou de son ordinateur, et, mieux encore, la période d’ouverture de cette chasse peu ordinaire court sur toute l’année et non plus sur un seul jour. Après tout, me direz-vous, qui donc sait pourquoi nous offrons des œufs en chocolat à Pâques ?… Du reste, les œufs de Pâques qui nous intéressent ici entretiennent moins de relations avec la cynégétique qu’avec la cinéphilie.

  Red Room - Tournage - Sheryl Lee et David Lynch (c) D.R.

Easter Eggs est en effet le terme qu’ont choisi les distributeurs de DVD, Dieu sait pour quelle raison, pour désigner les bonus cachés présents sur ces galettes. On peut se demander également ce qui légitime la présence de ces bonus, si ce n’est que leur recherche se révèle probablement plus captivante que leur contenu même. Ces easter eggs sont souvent de simples cache-misère qui ne peuvent vraiment dissimuler l’insignifiance des quelques images qui apparaissent une fois leur protection déjouée : bande annonce au rabais, chiches interviews volées de quelques secondes, extraits virevoltants de making of à l’emporte-pièce, etc., autant de passages dont l’absolue nécessité de la présence sur le DVD peut effectivement être parfois difficile à justifier d’un point de vue artistique ou critique. Nul besoin d’être expert en marketing pour réaliser que, si ces bonus contenaient des scènes coupées ou des interviews dignes d’être mises en valeur, la dernière tactique à adopter serait de les dissimuler derrière toute une série de manipulations cabalistiques qui risquent de faire périr d’ennui le profane.

Un coffret DVD de la première saison de Twin Peaks est paru aux Etats-Unis, lui aussi agrémenté de quelques easter eggs. Parmi ces bonus cachés, nulle trace hélas de scènes coupées du feuilleton original, pourtant récemment projetées lors du dernier Festival Twin Peaks qui se tient chaque année sur les lieux mêmes du tournage. Même si les séquences en question sont somme toute anecdotiques (il s’agit notamment de scènes supplémentaires du feuilleton Invitation to Love censé tenir en haleine toute la petite communauté de Twin Peaks tout en procédant à une légère mise en abyme décalée des problèmes rencontrés par les personnages), les inclure dans cette édition aurait néanmoins constitué un morceau de choix. Et je ne parle pas ici du serpent de mer qui resurgit régulièrement dès que l’on évoque Twin Peaks : les fameuses scènes coupées, non de la série, mais du long métrage Fire, Walk With Me, feuilleton rocambolesque en lui-même qui pourrait remplir aisément à lui seul plusieurs pages de cette rubrique s’il me fallait conter par le menu les projets successifs avortés, les rumeurs infondées, les pétitions acharnées de fans énamourés, qui se sont tous inéluctablement et invariablement soldés pour l’instant par des échecs complets. La compagnie MK2 ayant acquis le catalogue des films de Ciby 2000 et projetant de sortir une version du film dans les prochains mois, le rêve secret de tout Twin Peaké enragé renaît de ses cendres aujourd’hui, mais nul ne sait si un happy end viendra récompenser cette attente dévouée.