FASSBINDER
A BOBIGNY
Depuis le 14 mars et encore jusquà la fin du mois,
le " Magic Cinéma " à Bobigny (93), brosse le portrait
du cinéaste allemand Rainer Werner Fassbinder (1945-82) ,
à travers l'intégrale de ses films, y compris les treize heures
(+ épilogue) de Berlin Alexanderplatz, des films dans
lequel il a joué (dont sa dernière apparition dans Kamikaze
1989 de Wolf Gremm) et des films d'autres cinéastes qui
ont un rapport direct ou indirect avec le style du réalisateur
(Douglas Sirk, Luchino Visconti, Eric Rohmer). Inscrit dans
le cadre du 12e festival " Théâtres au cinéma "
qui honorait auparavant des cinéastes tels que Pier Paolo
Pasolini, Patrice Chéreau ou Margarethe von Trotta, le champ
d'approche sera élargi dans le domaine théâtral et de l'adaptation
littéraire avec les deux auteurs allemands Heinrich von Kleist
et Alfred Döblin. |
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Malgré sa disparition précoce,
Fassbinder demeure jusqu’à ce jour la référence d'un cinéma
allemand moribond depuis et dont le seul autre porte-parole
susceptible, Wim Wenders, poursuit une carrière loin de sa
terre d'origine. Les autres réalisateurs débutants des années
1970, comme Volker Schlöndorff, Werner Schroeter ou Werner
Herzog, n'ont pas toujours su adapter les préoccupations de
leur époque à l'environnement intellectuel et artistique actuel,
ils n'ont pas réussi à toucher à la fois un public large,
populaire et confidentiel, cinéphile,et n'ont pas su imposer
leur marque dans le paysage cinématographique de l'Allemagne.
Le statut irrévocable de Fassbinder, même presque vingt ans
après sa mort, est celui d'un artiste entier qui touchait
frénétiquement au cinéma, au théâtre et à la télévision, défendant
un point de vue en marge de la société de la RFA, dont il
se faisait simultanément un chroniqueur précis. Que son oeuvre
n'ait pas trouvé de descendance outre-Rhin n'est pas la faute
du cinéaste, mais plutôt celle d'un pays hanté par les démons
du passé, qui a perdu en Rainer Werner Fassbinder son témoin
le plus lucide.
LES DEBUTS
Pour le premier jour entier du festival, après la soirée d'ouverture
la veille, l'accent était mis sur les premiers films de l'oeuvre
immense (44 longs-métrages en treize ans, de 1969 à 1982)
de ce cinéaste hors pair. Projeté dans un léger désordre chronologique,
Rio Das Mortes (1970) et Pourquoi M. R est-il atteint
de folie meurtrière ? (1969) reflètent bien les enjeux
sociaux et moraux auxquels Fassbinder sattachait au début
de sa carrière. D'une facture simple, fortement inspirée de
la mise en scène théâtrale avec ses longs plans fixes dans
un décor réduit, ces deux films brossent le portrait d'une
Allemagne de gens atteints d'une pauvreté financière ou émotionnelle.
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