21 FEVRIER
|
|
|
|
Après plusieurs
tentatives infructueuses et des séries de tests en
rafale, l’ouverture du magasin
en ligne de davidlynch.com
est officielle. Accessible au tout venant et non pas simplement
aux membres du site, pour une raison sonnante et trébuchante
relativement aisée à comprendre, le Store
bénéficie d’une esthétique originale,
basée comme une grande partie du site sur des animations
réalisées au moyen du logiciel FlashPlayer.
Les esprits chagrins dénigreront probablement la lenteur
du téléchargement qui en découle logiquement,
mais cette conception, en parfaite harmonie avec le monde
de David, se révèle à mon sens nettement
préférable à une simple page, dépouillée
de toutes fioritures, où auraient été
catalogués les produits disponibles, accompagnés
de leurs caractéristiques et de leur coût, telle
qu’on peut en trouver sur de nombreux sites à visée
purement commerciale. Le store de davidlynch.com
n’adopte donc pas le design aseptisé d’une boutique
d’art rutilante, d’où la moindre particule de poussière
numérique aurait été bannie. David a
judicieusement choisi d’insérer la vente de ses œuvres
dans un contexte approprié et proche d’un de ses univers
de prédilection : les sites industriels. Tout
se rapporte en effet à ce thème central dans
ce magasin en ligne, depuis la page d’accueil, où trône
une des multiples photographies que David a réalisées
dans diverses usines (une machine enveloppée de ténèbres),
jusqu’au panneau de contrôle où sont référencés
l’ensemble des produits que le visiteur peut se procurer,
en passant par la procédure entièrement automatisée
qui se met en place lorsque le client souhaite acquérir
une marchandise : dans une ambiance sonore aux
textures voisines de celles qui envahissent la bande son de
Eraserhead, des leviers articulés se mettent
en mouvement et les mâchoires de pinces métalliques
viennent saisir les articles commandés pour les déposer
sur une série de tapis roulants convoyeurs. Cette esthétique
de chaîne de montage taylorisée insère
l’acheteur au sein de cette atmosphère d’unités
de production qui fascine tant David, tout en remplissant
donc de façon ludique les fonctions habituelles d’un
magasin en ligne.
|
|
|
|
Ce Store est destiné à s’étoffer
au fil des mois mais présente déjà un
certain nombre d’articles labellisés DavidLynch.Com.
Beaucoup sont des produits dérivés inspirés
par Eraserhead, qui demeure pour l’instant le seul
de ses longs métrages dont David possède intégralement
les droits : une casquette, des posters du film et de
la photo déchirée de Mary X que le personnage
d’Henry retrouve au fond du tiroir de sa commode, mais également
un badge reproduisant le célèbre " I
saw it " qu’arboraient de façon revendicative
les premiers spectateurs du film à sa sortie en 1977,
un t-shirt, un jeu de douze Polaroïds pris durant le
tournage de la séquence qui se déroule chez
les beaux-parents d’Henry. Outre ces articles, d’autres goodies
sont aussi en rayon : un t-shirt en référence
à The Angriest Dog in the World, le comic strip
qu’a publié des années durant David dans le
L.A. Reader, un autre assurant la promotion de davidlynch.com,
ou encore un mug où trône le personnage
principal de Dumbland, série d’animation en
cours de développement sur le site. Par ailleurs, la
rubrique Fine Arts laisse présager une orientation
possible du magasin en ligne dans l’avenir : cette section
Beaux-Arts propose à la vente quatorze photos
issues de la série Nudes and Smoke présentées
dans le recueil Images. Si cette initiative connaît
un certain succès auprès du public, nul doute
que David l’étendra rapidement à d’autres séries
de photographies, et pourquoi pas également à
des tableaux ou à d’autres créations artistiques,
court-circuitant ainsi la voie habituelle des galeries d’art
et des commissions substantielles qui y sont prélevées
– inutile de préciser que les tarifs pratiqués
sur ces photos sont sans commune mesure avec les autres objets
présents dans le store.
|
|
|
|
En attendant cette probable
évolution vers une galerie en ligne, les deux
articles de choix du site sont actuellement le DVD The
Short Films of David Lynch et le CD Blue Bob, qui
ont tous deux connu une rupture de stock au bout de quelques
jours simplement. Le DVD, intégralement produit, conçu
et réalisé par David, présente ses premiers
courts métrages (Six Figures Getting Sick, The
Alphabet et The Grandmother, mais aussi deux versions
de The Amputee, tourné en format vidéo
à l’époque de Eraserhead mais plus proche
d’un essai technique que d’un court métrage proprement
dit), ainsi que les œuvres courtes qu’il a pu réaliser
une fois sa carrière établie (The Cowboy
and the Frenchman, court métrage de 24 minutes
commandé en 1988 par Daniel Toscan du Plantier dans
le cadre de la série de six films intitulée
Les Français vus par…, et Premonitions Following
an Evil Deed, filmé à l’aide de la caméra
des Frères Lumière en 1996 et qui marquait de
manière brillante la contribution de David à
l’œuvre collective Lumière et Cie.) Blue
Bob est quant à lui le nom du groupe de rock
industriel qu’a formé David avec son collaborateur
John Neff : ce premier CD, lui aussi totalement autoproduit,
rassemble des morceaux inédits et d’autres déjà
présents dans la bande originale de Mulholland Drive.
|