LA SEXUALITE

Le débat sur le sexe à la télévision n’épargne pas les programmes de fictions. L’influence d’une religion protestante étriquée, se réduisant à une morale puritaine, refoulant la sexualité secrète et honteuse dans le domaine privé, n'acquiert sa justification publique que dans le cadre de la famille. La conception traditionnelle du puritanisme s’articule autour de la séparation entre deux sphères : d’un coté, celle de la famille et de la vertu, de l’autre celle du plaisir et de l’instinct. A la première se rattache le patrimoine, le mariage, la reproduction légitime. La seconde sert d’exutoire et de défoulement aux pulsions sexuelles. Dans les périodes où le puritanisme réussissait à atteindre un degré inégalé de rigidité jusqu’à en devenir obsessionnel, un courant antithétique se créait en sous-sol et lui faisait toujours face. La télévision est partie prenante de cette mouvance et quelques séries s’apparentent aux salons anglo-saxons du 19^ème siècle dans lesquels la tradition de libertinage n’avait jamais été entièrement étouffée.

Le sexe y a toujours été présent mais ordinairement abordé de manière voilé, détourné. Sex and the City est une comédie centrée sur la sexualité. Créée par Darren Star, elle met en scène un groupe d’amies branché et déluré dans Manhattan. Le sexe et la consommation sont à l’épicentre de leurs préoccupations. C’est la première fois où les relations amoureuses et sexuelles sont abordées, de manière croustillante, d’un point de vue strictement féminin. L’expression imagée, « faire une Lewinski » pour un synonyme de faire une fellation, est entrée grâce à elles dans le vocabulaire américain. Ces New Yorkaises, ayant une addiction pour le shopping et pour les soirées entre filles, sont, avec Ally Mac Beal, autant les produits d’une réalité sociale que des personnages de fiction.

Pendant de Sex and  the City, Journal intime d'un homme marié (The Mind of The Married Man) a pour maxime : « Le mariage est une formidable institution. Mais qui aimerait vivre dans une institution ». En effet, pour les principaux protagonistes, il est difficile de rester un homme marié... tout en restant heureux ! Cette série drôle et touchante met en scène les déboires et les désillusions de Micky dans sa vie de couple. Il est soutenu et conseillé par ses deux amis, Jake un coureur de jupons et Doug, le mari idéal. Leurs relations sont ponctuées de guy-talks : échange de conseils, confessions, débats sur le couple, le mariage, le sexe.

La sexualité n’est pas seulement le propre des fictions pour adulte, elle est ainsi présente dans la série Buffy. Les scénaristes voulaient intégrer dans un épisode une scène de baiser entre les deux amantes, Tara et Willow, mais ils en ont été empêchés par la censure. Ils l’ont alors remplacé par une scène de magie noire, entre les deux sorcières, qui est une parabole à peine voilée d’une relation sexuelle lesbienne.

Toutefois, si quelques séries abordent le thème de la sexualité, l’acte lui-même ne saurait apparaître visuellement, il est cantonné à une énonciation laconique. Les producteurs de Friends regrettent de ne pouvoir avoir une plus grande latitude concernant le thème de la nudité. Dans leur projet de long métrage, ils envisagent d’introduire des scènes de sexe afin de s’affranchir des contraintes inhérentes au genre de la sitcom.