Bon, allez, j’ose un truc impudent, je commence par la fin. Ça y est, c’est officiel, Elena et Prosper sont sur la sellette. Maintenant, c’est à vous de décider. A vous, nous assure-t-on, bandes annonces en rotations maximales pour attirer le chaland du matin, du midi, du soir, de la nuit. Point de répit. Il faut rameuter les 2,5 millions (ou plus) de téléspectateurs égarés au dernier prime-time. L’obligation est de taille : pas moins de 83 millions d’euros par an, sur cinq ans, pour Endémol France, en contrat d’exclusivité avec tf1 (Le Monde, 26.04.03). A ce prix-là, on peut bien se payer une Villa + piscine sur la côte, un ou plusieurs hélicos, du caviar pour 12, un cochon, des stars (60 000 euros pour Ophélie, qui dit mieux ?) ... mais pas de lave-vaisselle (au grand dam de Raimondo). A ce prix-là, il faut aussi rendre des comptes : cela s’appelle la rentabilité. L’emballage germano-espagnol ayant lamentablement rompu avant même le passage en caisse, il s’agissait cette fois de choisir un paquet solide. Là-bas, au fond du rayon, prévu pour plus tard. Le plus dur sera de refourguer les paquets flasques : les paquets allemands, suédois, polonais et belges.
Du coup, on assiste à un joli tête à queue : un duel de fin de partie (ou presque) en deuxième semaine. Et quel duel ! L’annonce des nominations par Flavie en pose toute la dimension. La nouvelle se cogne à un silence assassin. Assassin du fait même de l’absence de nouvelle. Les deux désignés ne cachent pas s’y attendre. Elena relève déjà la tête pour accueillir le coup, toujours digne. Prosper agite le bras pour se signaler aux spectateurs devant leur écran et dans le salon de la Villa, toujours en scène. Ses simagrées durent, après la volée, même et aussi dans la déconvenue et l’humiliation. Elena accuse le coup, triste. Autour tout le monde est collé. Personne ne bouge. Ils l’ont voulu, ils l’ont eu. Rien à ajouter. Le silence, pesant, n’en finit plus. Prosper triture un de ces objets antistress. On est loin de la frénésie consolante de la semaine précédente. La culpabilité n’est plus de mise : ils ont quitté la sphère du vote par dépit et sont désormais dans celle du vote par choix. Naguère dépités (à tort ou à raison), aujourd’hui ils doivent assumer. Autant dire que des anges passent... seulement interrompus par Raimondo : “ Flavie, on t’entend plus ! ” Les nice lofteurs ont perdu le contact.
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