Certes, l’encore jolie Julia Roberts et l’assez klauskinskien Willem Dafoe sont très bien en mari et femme. Ils forment un couple photogénique, quoique, parce que déchiré, un peu rock n’roll – l’époux, écrivain frustré, maltraite leur fiston, l’abandonne, le relègue en pension, le torture même, à l’occasion, dans le garage familial. Tandis que la femme, on le saura plus tard, prend du bon temps par ailleurs, avec un jeune gars.
Le point de vue du fils, écrivain ayant réussi, est correctement rendu, rétroactivement, psychologiquement, autobiographiquement parlant. Mais est-ce suffisant, y a-t-il matière pour tirer tout un film, un long métrage s’entend de tout ce méli-mélo qui ne nous concerne pas vraiment ? Faut croire. De nos jours, le moindre éclat de nuance d’un sous-thème de la variante d’une déclinaison d’une bribe de sujet suffit.
Ici, c’est le père, un peu détraqué et SM sur les bords, qui joue la Vipère au poing. Le vieux fiston, barbu et repu, pas vraiment glamour, passe son temps à flashbacker des scènes de son adolescence - l’image du film prend alors une teinte ocre. Il hésite à publier un roman dont on se fiche pas mal, une sorte de : « Tout, tout, tout, vous saurez tout sur mon zizi ». La comédie est amère et étouffante puisqu’on ne sort à aucun moment de la cellule familiale.
Une des scènes finales, qui doit en principe tirer les larmes au public le plus insensible est un film dans le film, une sorte de home movie granuleux, car tourné en super huit, avec une caméra Chinon d’un autre âge. Celui du bonheur de la cellule familiale en harmonie, d’une famille recomposée par le cinématographe.
Quelle brute saurait, de nos jours, être insensible à ces effets de nostalgie ?