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Zatoïchi (c) D.R.
Avec le manque de conviction, d’inspiration et d’énergie qui caractérise hélas son traitement du personnage, Kitano, en s’inspirant des deux films sus-mentionnés (tous deux remarquables et très cohérents, notons-le) semble en reprendre l’absence totale de la thématique de la cécité : à aucun moment de son Zatoïchi, l’accent n’est mis sur la sensibilité différente du héros, la bande-son ne joue pas avec sa perception oh combien affinée des bruits, l’image ne fait guère allusion au développement inhabituel de son odorat, tout reste pure affirmation gratuite. Kitano a-t-il voulu éviter les gros plans sur l’oreille ou le nez de Zatoïchi, qui grouillent dans la série originelle ? Il ne s’est en tout cas pas fatigué à trouver des solutions nouvelles. Les autres personnages n’ont aucune psychologie digne de ce nom, tout en n’étant pas non plus, ce qui aurait été justifié, des cartoons vivants. Le film abonde en fausses pistes narratives gratuites, en séquences de remplissage (quasiment toutes les scènes comiques, la plupart des combats, un nombre considérable parmi les flashs-back – rien n’étant, répétons-le, jamais justifié ), en plan « artistes » qui tombent comme des pellicules sur un costume noir, et cultive la rupture de ton sur un mode qui ressemble à s’y méprendre à une totale renonciation à toute ambition narrative sérieuse. Kitano a-t-il réalisé le film pour son public habituel de téléspectateurs ? Mais il n’a rien de la vivacité et du charme de Getting Any ?, d’autant plus que la plupart des thèmes effleurés sont des thèmes de société certes à la mode (prostitution enfantine, travestissement, la place des handicapés parmi les gens « normaux ») mais en rien comiques.

A-t-il voulu dépoussiérer le mythe (cheveux blonds, yeux bleus, et une grande séquence dansée très années 80 à la fin ) ?  L’œuvre reste trop ancrée dans les canons esthétiques et filmiques des années 70, par ailleurs années de la décadence, puis de la mort, du film de samouraïs. A-t-il voulu rendre hommage au genre-roi qu’est le chambara ? Gosha, Uchida, Misumi, sans même parler de Kurosawa et de Kobayashi, doivent en virevolter dans leur tombe comme des toupies. Creux et plat, refusant sans raison valable de donner à ses personnages la moindre profondeur psychologique, ce film ressemble à s’y méprendre à la terrible déchéance intellectuelle et même morale d’un grand cinéaste qui n’aurait plus rien à dire et dont l’autosatisfaction repue prend violemment le pas sur l’amour de son art et des amoureux de cet art.



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Titre : Zatoichi
Réalisateur : Takeshi Kitano
Scénariste : Takeshi Kitano
Acteurs : Takeshi Kitano, Tadanobu Asano, Michiyo Ogusu, Yui Natsukawa, Guadalcanal Taka
Compositeur : Keichi Suzuki
Directeur de la photographie : Katsumi Yanagijima
Chef décorateur : Norihiro Isoda
Producteur exécutif : Chieko Saito
Chef monteur : Takeshi Kitano
Production : Office Kitano, Dentsu, Bandai Visual
Distribution : Bac Distribution
Sortie le : 05 Novembre 2003
Durée : 1h 56mn 
Année : 2003
Pays : japon