En novembre dernier, la toute nouvelle
Cour pénale internationale (CPI) de La Haye (Pays-Bas),
compétente pour juger les génocides, les crimes contre l’humanité
et les crimes de guerre commis depuis le 1er juillet
2002 dans un de ses 92 Etats parties, organisait justement une
série de projections documentaires consacrés à la justice internationale.
Deux films, notamment, ont été remarqués. Le Combat des juges
(Yves Billy, 2000) revient sur l’histoire des Tribunaux pénaux
internationaux (TPI) mis en place par le Conseil de sécurité
de l’ONU dans les années 1990 pour juger des crimes commis en
ex-Yougoslavie et durant le génocide rwandais. Rappelant que
le TPI pour la Yougoslavie avait été créé dès mai 1993, c’est-à-dire
bien avant les accords de Dayton en 1995 signés entre autres
par Slobodan Milosevic, le film insiste sur la nécessité d’une
justice qui ne vienne pas contrecarrer le processus de paix.
Audiences : des journalistes au procès Papon (Rafaël
Lewandowski, 2000), pose quant à lui la question de la publicité
des procès pour crime de masse : comment des audiences
complexes sont-elles rendues lisibles auprès d’une société locale
qui demande à voir ses blessures cicatrisées, et auprès d’autres
sociétés elles aussi concernées par un crime d’une telle ampleur ?
Au Cambodge, un gouvernement
tripartite est aujourd’hui dirigé par le Premier ministre
Hun Sen, ancien commandant Khmer Rouge, et Keat Chhon, ancien
interprète de Pol Pot, est ministre d’Etat. Quant à Ieng Sary,
ancien chef de la diplomatie Khmère Rouge, il a été amnistié
en 1999 par le roi Norodom Sihanouk, amnistie approuvée en
novembre 2000 par Hun Sen qui soulignait le « rôle
important » que Ieng Sary avait joué dans « la
soumission des Khmers Rouges ». Ces faits montrent
alors en quoi l’exigence de justice formulée par les victimes
et relayée par la communauté internationale vient fragiliser
un équilibre politique extrêmement bancal. Ils expliquent
pourquoi au Cambodge la justice tarde et pourquoi le cinéma
est tenté de la précipiter.
Le 12 février 2001, le Parlement cambodgien a
voté la création d’un tribunal pour juger les
crimes Khmers Rouges. Le 17 mars 2003, le gouvernement
cambodgien et l’ONU ont signé un accord pour la
mise en place d’un tribunal mixte, avec juges
cambodgiens et internationaux, respectant les
critères de la justice internationale. Cet accord
doit être ratifié par le Parlement issu des élections
de juillet 2003, et agréé par un nouveau gouvernement
en cours de formation.
Titre : S21, la machine de mort
Khmer rouge Réalisateur : Rithy
Panh Directeur de la photographie :
Rithy Panh Ingénieur du son :
Sear Vissal Producteur : Cati
Couteau Production : Arte
France Cinéma, Institut National de l'Audiovisuel
(INA) Distribution :
Ad Vitam, France Date de sortie : 11
Février 2004 Durée : 1h 41mn Année : 2002