SYNOPSIS : David Dunn est différent
des autres hommes. Sa différence, il ne commence à en prendre conscience qu'à
partir d'une catastrophe ferroviaire dont il est l'unique survivant. Il a
échappé à la mort sans aucune égratignure. Pourquoi lui ? Elijah Price, un
homme mystérieux souffrant d'une rare maladie des os et passionné de comics,
va lui expliquer sa théorie et tenter de le convaincre. L'exposé va transformer
la vie de David et de ses proches... |
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UN
REVE EVEILLE
Incassable ne se limite
pas, comme certains critiques l'ont dit, aux aventures d'un
surhomme au pays des comics books. David Dunn a été proclamé
héros - malgré lui. Contre sens des critiques qui oublient
ici-même que la quête du soi-disant « super-héros » est une
quête existentielle : pourquoi ont-ils interprété sa conscience
du vide comme état de surhomme ? Ici réside l'énigme
du film posée par Dunn : je suis autant une page blanche à remplir
qu'un surhomme à évider (et non un super-héros), semble-t-il
nous révéler, lymphatique, à l'orée du hall d'aéroport. Avant
la toute fin, inutile, Dunn, héros anonyme, est perdu dans la
foule. En projetant le corps du héros hors des cases, dans la
bulle hors-champ de la foule, "Incassable" devient
passionnant. Contournant l'énigme et la privant d'une issue,
la scène se mue en un fragment de comic book muet et
impromptu qui dilapide ladite puissance du surhomme. Un final
splendide, une double délivrance qui joint l'échappée de Dunn
hors de la bande dessinée, à la naissance d'un être (fictif)
au monde, ponctuée par la naissance simultanée d'un autre régime
d'image. Le grain s'étiole, insidieux, décoloré, mimant subitement
les prises de vues d'une caméra de surveillance vidéo. Délesté
de son poids de surhomme et de ses attaches, le personnage-oiseau
déploie ses ailes et amorce son devenir-homme. Incassable
relate la transformation d’un corps apathique, presque mort,
en personnage de cinéma.
La métaphore de l'oiseau n'est d'ailleurs pas innocente, Dunn
rêve de s'élever (ce qui entraînera sa chute, sa noyade), il
repousse le cadre étroit qui lui est conféré. Ce Birdy-là
nécessite une mutation : ses bras vers le haut annoncent le
transit d'un corps à l'autre, avant la poursuite nocturne. Dunn,
muni de longues ailes prédatrices en guise de bras, étouffe
de sa force retenue un serial-killer, suivi et pris en
flagrant délit. Cette scène de combat confirme la part de conte
qui sommeillait en la légende : Incassable raconte ici
la fuite d’un personnage hors de son intériorité, l'envol d’un
papillon se posant doucement sur l'épaule bientôt meurtrie du
serial killer. A elle seule, la fin d'Incassable
(les vingt dernières minutes) résout une intrigue anodine, plombée
par la pesanteur du personnage. L'introspection de Dunn le cloisonnait
dans sa bulle, le plan-séquence final permet de l'extirper de
sa case de héros et du story-board initial tout en le mettant
en crise. L'impression de surgissement naît d'un travelling
arrière, qui par contrechamp soudain, projette Dunn parmi les
autres. La caméra passe-muraille réveille un film-personnage
qui ne cessait de comater. Une scission apparaît entre l'allure
de pachyderme d'Incassable et l'envol soudain qu'il prend,
dans un rêve éveillé.
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2001 Signes / Signs
avec Mel Gibson, Joaquin Phoenix
2000 Incassable
/ Unbreakable avec Bruce Willis, Samuel L.
Jacksonr
1999 Sixième Sens
/ The Sixth Sense avec Bruce Willis, Toni
Collette
1998 Wide Awake
1992 Praying with
Anger
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