SYNOPSIS : A
l’aube de l’humanité, un mystérieux monolithe
apparaît au milieu des primates. Plusieurs milliers d’années
plus tard, il réapparaît sur la lune Clavius où
les terriens ont construit une base spatiale. Une équipe
d’astronautes est envoyée vers Jupiter afin de percer
le mystère d’un étrange signal qui est vraisemblablement
lié au monolithe. A bord du vaisseau où la majorité
de l’équipage est en sommeil artificiel, seuls deux hommes
et un puissant ordinateur (Hal) se partagent la responsabilité
de ce long voyage vers l’inconnu. Tout se passe pour le mieux
jusqu’au moment où Hal décide que le facteur humain
n’est pas assez fiable pour la mission qui leur a été
confiée. |
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TROU NOIR
Film en creux, lisse et froid comme un miroir, "2001"
se laisse voir aujourd'hui pour ce qu'il a toujours été
: un espace vide, tracé à la ligne claire, dépositaire
de nos interprétations.
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De toute évidence,
2001 n’est pas un film métaphysique. Epure verbale,
ballet sonore, pure objet de contemplation béate, il
nous traverse autant que nous le traversons. La question est
toujours la même : de quoi ce film parle-t-il ? De tout,
dit-on généralement. En réalité,
il est fort à parier que ce film ne parle de rien.
Il se donne à voir, simplement, et peut sans doute
se réduire à sa forme, son mouvement, qui est
celui de l'ouverture, de l'embrassement. Umberto Eco définissait
ainsi "l’œuvre ouverte", dans la préface de son livre
éponyme : " L’œuvre d’art est un message fondamentalement
ambigu, une pluralité de signifiés qui
coexistent en un seul signifiant : on verra comment cette
ambiguïté devient aujourd’hui une fin explicite
de l’œuvre. " L'ambiguïté du film de Kubrick est
d'offrir de multiples interprétations en ne laissant
rien au hasard, de faire coexister son ouverture avec une
conscience aiguë de ses effets. Autrement dit, s'il a
beau se transformer d’un spectateur à l'autre, il demeure
une part d'irréductible, qu'il convient au critique
de cerner plus que tout autre. L'interprétation n'est
pas son fait, forcément réductrice, qui appartient
à l'inconscient du film et de son spectateur. Aussi
2001 peut-il faire appel à toute l'érudition
possible, il ne donnera jamais son secret : il n'en a pas.
Il n'y a pas moins métaphysique que 2001 disait-on
d'entrée. Justement parce que la métaphysique
est son sujet. Un sujet qu'il ne cesse de fuir pour s'abstraire
du discours et se réfugier dans la contemplation, moins
de l'essence supposée de toute chose que de l'organique,
du vivant. Film physique avant tout donc, porté par
une rigueur scientifique qui certes finit par fantasmer, rêver
tout haut l'origine de l'homme (à l'approche finale
de Jupiter), mais dans l'optique d'un rapprochement poétique
(le fœtus astral). La pensée qui peut s'en dégager
sera dès lors notre seul fait. Même le "trip"
final de la traversée du monolithe s'attache à
rester dans l'ordre de la vision purement " rétinienne
" (les contrechamps sur l’œil de Dave Bowman, les jeux de
coloration sur des paysages en négatif), où
la perception s'ancre dans le champ du " réel ", du
physique.
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