Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     

 

 

 

 

 
2001, L'Odyssée de l'espace (c) D.R. 2001
L’ODYSSEE DE L’ESPACE

de Stanley Kubrick
Par Sébastien BENEDICT


SYNOPSIS : A l’aube de l’humanité, un mystérieux monolithe apparaît au milieu des primates. Plusieurs milliers d’années plus tard, il réapparaît sur la lune Clavius où les terriens ont construit une base spatiale. Une équipe d’astronautes est envoyée vers Jupiter afin de percer le mystère d’un étrange signal qui est vraisemblablement lié au monolithe. A bord du vaisseau où la majorité de l’équipage est en sommeil artificiel, seuls deux hommes et un puissant ordinateur (Hal) se partagent la responsabilité de ce long voyage vers l’inconnu. Tout se passe pour le mieux jusqu’au moment où Hal décide que le facteur humain n’est pas assez fiable pour la mission qui leur a été confiée.

....................................................................

TROU NOIR


Film en creux, lisse et froid comme un miroir, "2001" se laisse voir aujourd'hui pour ce qu'il a toujours été : un espace vide, tracé à la ligne claire, dépositaire de nos interprétations.


  2001, L'Odyssée de l'espace (c) D.R.

De toute évidence, 2001 n’est pas un film métaphysique. Epure verbale, ballet sonore, pure objet de contemplation béate, il nous traverse autant que nous le traversons. La question est toujours la même : de quoi ce film parle-t-il ? De tout, dit-on généralement. En réalité, il est fort à parier que ce film ne parle de rien. Il se donne à voir, simplement, et peut sans doute se réduire à sa forme, son mouvement, qui est celui de l'ouverture, de l'embrassement. Umberto Eco définissait ainsi "l’œuvre ouverte", dans la préface de son livre éponyme : " L’œuvre d’art est un message fondamentalement ambigu, une pluralité de signifiés qui coexistent en un seul signifiant : on verra comment cette ambiguïté devient aujourd’hui une fin explicite de l’œuvre. " L'ambiguïté du film de Kubrick est d'offrir de multiples interprétations en ne laissant rien au hasard, de faire coexister son ouverture avec une conscience aiguë de ses effets. Autrement dit, s'il a beau se transformer d’un spectateur à l'autre, il demeure une part d'irréductible, qu'il convient au critique de cerner plus que tout autre. L'interprétation n'est pas son fait, forcément réductrice, qui appartient à l'inconscient du film et de son spectateur. Aussi 2001 peut-il faire appel à toute l'érudition possible, il ne donnera jamais son secret : il n'en a pas.

Il n'y a pas moins métaphysique que 2001 disait-on d'entrée. Justement parce que la métaphysique est son sujet. Un sujet qu'il ne cesse de fuir pour s'abstraire du discours et se réfugier dans la contemplation, moins de l'essence supposée de toute chose que de l'organique, du vivant. Film physique avant tout donc, porté par une rigueur scientifique qui certes finit par fantasmer, rêver tout haut l'origine de l'homme (à l'approche finale de Jupiter), mais dans l'optique d'un rapprochement poétique (le fœtus astral). La pensée qui peut s'en dégager sera dès lors notre seul fait. Même le "trip" final de la traversée du monolithe s'attache à rester dans l'ordre de la vision purement " rétinienne " (les contrechamps sur l’œil de Dave Bowman, les jeux de coloration sur des paysages en négatif), où la perception s'ancre dans le champ du " réel ", du physique.