SYNOPSIS :
Dogville, une petite ville des Rocheuses pendant les années
30. Un soir, des coups de feu retentissent. Grace, une belle
femme terrifiée monte en courant un chemin de montagne où elle
rencontre Tom, un jeune habitant de Dogville. Elle lui explique
qu'elle est traquée par des gangsters et que sa vie est en péril.
Charmé, Tom propose de l'héberger pour la nuit. |
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DISPUTE
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On se souvient de la trame de la pièce La
Dispute de Marivaux : pour savoir qui de l’homme
ou de la femme fut infidèle le premier, deux garçons et deux
filles, dès le berceau, ont été élevés dans un isolement absolu.
Une vingtaine d’années plus tard, on donne aux quatre jeunes
gens la liberté de sortir de leur enceinte et de se connaître.
Les premières amours vont recommencer. À l’origine de cette
expérience folle, contre-nature : une querelle
(un échange d’idées, de mots) entre un Prince et sa cour.
L’histoire de Dogville de Lars Von Trier (inspirée,
entre autres, par Pirate Jenny, chanson de L’Opéra
de quat’sous de Bertolt Brecht) a aussi pour base une
controverse. Cette fois, c’est une fille (Grace) et son père
(un redoutable chef de gang) qui sont en désaccord. La première
croit en la bonté, la générosité ; l’autre ne croit qu’en
la force, qu’à la violence, qu’au pouvoir. La “dispute ”
tourne mal. Grace en fuite (s’extirpant brutalement de son
cocon) débarque en pleine nuit à Dogville (un minuscule village
coincé dans les montagnes Rocheuses, peuplé d’une quinzaine
d’habitants). En se frottant pour la première fois au monde,
la jeune femme voit ses théories tour à tour se concrétiser
puis lamentablement s’effondrer. Elle rejoindra au final le
camp de son père (l’élève dépassant largement le maître).
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Le précédent film de Lars Von Trier, Dancer
in the Dark, une démonstration politique implacable au
dogmatisme éblouissant, laissait le spectateur pétrifié d’horreur
et d’angoisse. Dogville, au contraire, est jubilatoire.
C’est à la fois un conte philosophique et un pamphlet, un
détournement haut en couleur (bien que plongé dans la pénombre),
entre autres, du mélo américain. La mise en scène est atypique.
Le récit et les dialogues sont riches, puissants. Les situations
(la description minutieuse du comportement butté, puéril des
habitants de Dogville fragiles et teigneux ;
l’état de béatitude, les atermoiements loufoques, touchants
de Grace) sont souvent totalement hilarantes. De ce point
de vue, la vision de Nicole Kidman (Grace) enchaînée, clochette
au cou, est un summum. D’ailleurs, tout est tellement too
much dans Dogville que le réalisateur a
truffé son générique de fin de photographies renvoyant, mais
trop tard, à la réalité.
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