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FESTIVAL DE CANNES 2003
Sélection Officielle en compétition

DOGVILLE

de Lars Von Trier

LA DISPUTE
de Marivaux
Par Philippe DUSSOL


SYNOPSIS : Dogville, une petite ville des Rocheuses pendant les années 30. Un soir, des coups de feu retentissent. Grace, une belle femme terrifiée monte en courant un chemin de montagne où elle rencontre Tom, un jeune habitant de Dogville. Elle lui explique qu'elle est traquée par des gangsters et que sa vie est en péril. Charmé, Tom propose de l'héberger pour la nuit.

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DISPUTE

  Lars von Trier (c) D.R.

On se souvient de la trame de la pièce La Dispute de Marivaux : pour savoir qui de l’homme ou de la femme fut infidèle le premier, deux garçons et deux filles, dès le berceau, ont été élevés dans un isolement absolu. Une vingtaine d’années plus tard, on donne aux quatre jeunes gens la liberté de sortir de leur enceinte et de se connaître. Les premières amours vont recommencer. À l’origine de cette expérience folle, contre-nature : une querelle (un échange d’idées, de mots) entre un Prince et sa cour.

L’histoire de Dogville de Lars Von Trier (inspirée, entre autres, par Pirate Jenny, chanson de L’Opéra de quat’sous de Bertolt Brecht) a aussi pour base une controverse. Cette fois, c’est une fille (Grace) et son père (un redoutable chef de gang) qui sont en désaccord. La première croit en la bonté, la générosité ; l’autre ne croit qu’en la force, qu’à la violence, qu’au pouvoir. La “dispute ” tourne mal. Grace en fuite (s’extirpant brutalement de son cocon) débarque en pleine nuit à Dogville (un minuscule village coincé dans les montagnes Rocheuses, peuplé d’une quinzaine d’habitants). En se frottant pour la première fois au monde, la jeune femme voit ses théories tour à tour se concrétiser puis lamentablement s’effondrer. Elle rejoindra au final le camp de son père (l’élève dépassant largement le maître).

Dogville (c) D.R.

Le précédent film de Lars Von Trier, Dancer in the Dark, une démonstration politique implacable au dogmatisme éblouissant, laissait le spectateur pétrifié d’horreur et d’angoisse. Dogville, au contraire, est jubilatoire. C’est à la fois un conte philosophique et un pamphlet, un détournement haut en couleur (bien que plongé dans la pénombre), entre autres, du mélo américain. La mise en scène est atypique. Le récit et les dialogues sont riches, puissants. Les situations (la description minutieuse du comportement butté, puéril des habitants de Dogville fragiles et teigneux ; l’état de béatitude, les atermoiements loufoques, touchants de Grace) sont souvent totalement hilarantes. De ce point de vue, la vision de Nicole Kidman (Grace) enchaînée, clochette au cou, est un summum. D’ailleurs, tout est tellement too much dans Dogville que le réalisateur a truffé son générique de fin de photographies renvoyant, mais trop tard, à la réalité.