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  LA VACHE FOLLE
DE DAVID LYNCH
Par Roland KERMAREC



Depuis le dernier trimestre de l’an 2000, la France tout entière est atteinte d’une frénésie et d’une psychose collectives, du modeste particulier terré au fin fond de son Larzac natal jusqu’aux plus hautes instances gouvernementales perchées dans leurs tours d’ivoire, en passant bien sûr par les médias, toujours âpres à se repaître des moindres mouvements d’opinion, quitte à les faire naître en les cultivant directement dans les recoins de nos assiettes. L’ennemi y rumine sa vengeance depuis des années, ulcéré d’avoir ingurgité tant et plus de la nourriture qui l’a transformé en quasi cannibale : le bien nommé Prion est parmi nous, prêt à surgir du premier steak venu pour nous faire trembler et nous secouer de spasmes sporadiques. Surclassant de loin les rillettes frelatées, les porcs aphteux, la volaille dégénérescente ou les listérias galopantes, la vache folle assoit davantage son règne au sein de nos consciences jour après jour, broutant un à un nos scrupules de coupables carnivores. Le cours du bœuf n’en finit plus de chuter, nos amis de la CEE s’empressent de mettre en place un blocus avant de s’apercevoir que l’ignoble ver est aussi dans leur fruit, des générations de nouvelles bêtes malades éclosent aux quatre coins de l’Hexagone, les normes européennes deviennent de plus en plus strictes sans endiguer le fléau : le territoire épizootique de la Bête s’étend inexorablement.



Cow Hide (c) Colette Anusewicz    

Depuis le dernier tri-mestre de l'an 2000, la France tout entière est atteinte d'une frénésie et d'une psychose collectives, du modeste particulier terré au fin fond de son Larzac natal jusqu'aux plus hautes instances gouvernementales perchées dans leurs tours d'ivoire, en passant bien sûr par les médias, toujours âpres à se repaître des moindres mouvements d'opinion, quitte à les faire naître en les cultivant directement dans les recoins de nos assiettes. L'ennemi y rumine sa vengeance depuis des années, ulcéré d'avoir ingurgité tant et plus de la nourriture qui l'a transformé en quasi cannibale : le bien nommé Prion est parmi nous, prêt à surgir du premier steak venu pour nous faire trembler et nous secouer de spasmes sporadiques. Surclassant de loin les rillettes frelatées, les porcs aphteux, la volaille dégénérescente ou les listérias galopantes, la vache folle assoit davantage son règne au sein de nos consciences jour après jour, broutant un à un nos scrupules de coupables carnivores. Le cours du bœuf n'en finit plus de chuter, nos amis de la CEE s'empressent de mettre en place un blocus avant de s'apercevoir que l'ignoble ver est aussi dans leur fruit, des générations de nouvelles bêtes malades éclosent aux quatre coins de l'Hexagone, les normes européennes deviennent de plus en plus strictes sans endiguer le fléau : le territoire épizootique de la Bête s'étend inexorablement.


  Hot Dog Stand Cow (c) William Melton.  

Certes, me direz-vous, mais quid de David Lynch dans tout cela ? Une Encéphalopathie Spongiforme Lyn-chienne est-elle en train de s'emparer de la côte californienne ? David aurait-il placé des prions en culture dans son frigo pour pouvoir mettre en scène un nouveau film DV expérimental à la Bee's Nest ? S'est-il lancé dans l'élevage intensif de troupeaux malades sur ses collines hollywoodiennes ? Non, rien de tout cela à se mettre sous la dent. D'ailleurs, je ne crois même pas me souvenir de l'avoir jamais vu avaler autre chose que son inamovible sandwich à la dinde.