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Lynchland #1 (c) D.R.
 
PREFACE DU LIVRE
RENCONTRES AUTOUR
DU DOUBLAGE DES FILMS
ET DES SERIES TV

Par Roland Menard
 



Dans la pénombre des studios, dans l’ombre de la renommée : des voix. Des voix célèbres et anonymes. Des voix familières et qui n’ont pas de noms. Des voix qui se sont à ce point identifiées aux personnages qu’elles habitent, qu’elles leur ont donné leur propre identité.

Qui douterait que Peter Falk, l’insolite lieutenant de police Columbo ne soit français de souche ? Que Kojak ne soit né quelque part en Auvergne ou dans le Languedoc ? Et tous les Roger Moore, Paul Newman, Marilyn Monroe, Elizabeth Taylor, Steve McQueen, Sean Connery, Mastroiani, Volonte et tant d’autres venus des quatre coins du monde et qui, après être passés par des auditoriums comme par autant de bureaux magiques, sont devenus français grâce au passeport vocal.

Ces célèbres immigrés se sont à ce point assimilés que leurs propres coutumes sont devenues les nôtres. Le spectateur habitué aux versions françaises ne s’étonnera pas que l’on s’adresse à un juge en lui donnant du « Votre Honneur » qui vaut bien « Monsieur le Président » ou que l’on demande l’aide du marshal, même si parfois l’on confond le coroner médecin légiste avec un officier de police.

Merci, professionnels du doublage de m’avoir permis de voir, d’entendre et de comprendre des chefs-d’œuvre du cinéma étranger que je n’aurais pu qu’effleurer à petits coups de sous-titres pour n’avoir de ces langues d’autre connaissance que leur mélodieuse musique. Et tant pis s’il est de bon ton dans certains milieux de mépriser la version française, même si le japonais, le russe ou le chinois, voire l’anglais, l’allemand ou l’italien que d’aucuns croient connaître, ne font pas, à ma connaissance, l’essentiel des conversations entre cinéphiles. S’il n’y avait eu de bons traducteurs aurais-je pu me nourrir du génie de Tchékov, Goethe ou de Shakespeare ?

Il en est du doublage comme de la traduction : les bons apportent le bonheur d’entendre, les mauvais donnent envie de n’écouter que du volapük. Nous ne retiendrons que les bons, comme nous n’apprécions les arts que lorsqu’ils sont bien servis. Car le doublage est un art. Un art difficile à définir, difficile à cerner par sa dualité même. Columbo est-il Peter Falk ou Serge Sauvion - Starsky, Jacques Balutin ou Paul Michael Glaser - Hutch, David Soul ou Francis Lax - Kojak, Henri Djanik ou Telly Savalas ? De même qu’au théâtre un comédien endosse un personnage tout en restant lui-même, au doublage la voix française entre dans une image qui n’est pas la sienne tout en la comblant de la personnalité du comédien porteur de cette voix.

Le doublage est un art subtil, délicat, qui demande l’expression d’une personnalité en en fixant les limites car la voix ne doit pas dépasser l’image tout en sachant donner à un regard, à une larme, à un sourire, son expression vocale.

Merci à François Justamand, ami des comédiens, amateur des (bonnes) versions doublées, qui, pendant des années, patiemment, avec la rigueur du chercheur, a constitué avec son équipe cet ouvrage consacré à un art aussi populaire qu’il est ignoré.

Roland MENARD : Comédien, en près d'un demi-siècle, Roland Ménard a prêté sa voix à de célèbres acteurs du grand écran : Errol Flynn, Robert Taylor, Stewart Granger, Glenn Ford, David Niven, Marcello Mastroianni, Dirk Bogarde, James Mason ... A la télévision, il a doublé, notamment, Jack Lord dans la série Hawaï Police d’Etat. En parallèle il est aussi auteur dramatique, pour le théâtre et la radio.