Le
29 juin dernier, avait lieu à Paris la quatrième nuit des
Lutins, remise des récompenses annuelles du court métrage.
En 2000, au Trianon, une troupe de comédiens, transformée
en une équipe de tournage venue d’un pays de l’Est, s’amusait
à faire des effets de sonorisation aux quatre coins de la
scène. Cette année, au crépuscule d’une nuit d’été, les jardins
de l’hôtel de Sully sont envahis par une génération nonchalante
de professionnels dont la moyenne d’âge oscille entre 20 et
35 ans. Des chœurs angéliques, un orchestre léger, déclinent
sur tous les modes musicaux le thème musical des Lutins. |
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Juché sur le siège d’une louma sans caméra,
grâce à laquelle il attrapera les enveloppes fatidiques au
sommet de l’hôtel de Sully, Patrice Carré, le maître de cérémonie
(un ex. Maison du Film Court, passé) égrène à en avoir le
mal de l’air les noms des jeunes acteurs présents pour remettre
les lutins (Eric Caravaca, Nicolas Duvauchelle, Florence Loiret,
Marie Payen, Caroline Ducey, Jérémie Rénier, Nathalie Boutefeu,
Sami Bouajila, Julie Gayet, Rona Hartner, Amira Casar). Le
programme de la soirée est immuable d’année en année, de cérémonie
en cérémonie en cérémonie. Appel des acteurs « remettants »,
décachetages d’enveloppe, bonheur des heureux gagnants, silence
poli des perdants, discours de circonstance, brefs extraits,
et ça recommence…quatorze fois. Curieusement, était-ce
le charme de cette soirée au clair de lune, l’enivrement infime
d’un kir bu au début de la cérémonie, un rythme réellement
dynamique et badin, mais cette cérémonie n’en porta que le
nom, tant elle ne parut absolument pas pesante ou académique.
Quant au palmarès, un mot vient à l’esprit : é-qui-li-bré !
Deux films d’animation récompensés (Au premier dimanche
d’août de Florence Miailhe, meilleur son pour ce récit
d’un bal d’été et surtout le très amusant Yaourts mystiques
de Sylvie Guérard – meilleur film d’animation, meilleurs décors
– qui raconte l’épopée malheureuse de yaourts au fond d’un
frigo, à la merci d’un serial killer ! On passera sur
le Lutin du meilleur costume attribué à Nakwa Monnet et Marine
Palayer pour Le fétichiste (ou les mésaventures d’un
Jérémie Rénier vendeur de chaussures fasciné par les pieds
des femmes), pour arriver au Lutin de la meilleure actrice.
Mélanie Le Ray dans Les filles du 12 de Pascale Breton
le partage avec Christine Murillo, comédienne discrète à l’affiche
de La pomme, la figue et l’amande de Joël Brisse. Elle
incarne ici une femme d’un milieu aisé, en fuite après avoir
commis un geste aussi irréparable que surprenant, qui rencontre
un ouvrier de la vigne. Le tandem qu’elle forme avec ce dernier,
interprété par Zinedine Soualem, fonctionne assez bien dans
les échanges de dialogues (pourtant assez lourds et signifiants),
encore mieux dans les silences, les non-dits d’un désir érotique
mutuel.
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