PORTRAITS
DE BUENOS AIRES
5 juin au 28 juillet 2002
Forum des Images
Paris
Voyage en 70 films dans le Buenos
Aires d'hier et d'aujourd'hui 70 films pour un siècle
d’images
Découvrir une ville, c’est un
peu comme feuilleter le programme d’une rétrospective.
On a besoin de se rassurer. Alors on part à la rencontre
des valeurs sûres. Et puis, peu à peu, on accepte
de se perdre, de se laisser guider par l’instinct pour satisfaire
d’autres pulsions et, finalement, se construire un parcours
singulier. Pour préserver le mystère de chacune
de nos trajectoires, contentons-nous de poser quelques jalons
et d’indiquer de possibles chemins. Celui de la curiosité,
avec la découverte des longs métrages de jeunes
cinéastes révélés ces dernières
années dans les festivals internationaux : Silvia Prieto
de Martín Rejtman, Mundo grúa de Pablo Trapero,
Un jour de chance de Sandra Gugliotta, Bolivia d’Israel Adrían
Caetano, également coauteur avec Bruno Stagnaro du
remarquable Pizza, bière, clope. Celui de la rareté,
avec la rencontre d’œuvres clés, longtemps considérées
perdues : Nobleza gaucha d’Eduardo Martínez de la Pera
et Ernesto Gunche et Invasion d’Hugo Santiago. Ou bien encore,
celui de la notoriété, en revisitant les classiques
du cinéma argentin : Le Sud et L’Heure des brasiers
de Solanas, La Maison de l’ange et La Chute de Torre Nilsson,
Le Côté obscur du cœur de Subiela. Et chacun
de ces parcours suggérés me permet de prendre
conscience de l’existence de cette manifestation, initiée
au printemps 2001 dans la sérénité, puis
développée dans la tourmente de la terrible
crise que traverse l’Argentine. Pari audacieux mais pari réussi
que celui de ne pas avoir abandonné ce projet lorsqu’à
mon retour de mission de Buenos Aires, fin décembre
2001, il eut été plus facile de le différer,
voire d’y renoncer.
Buenos Aires, décembre 2001
Aujourd’hui, six mois se sont écoulés
depuis ma première rencontre avec Buenos Aires. C’était
le 13 décembre 2001. Un jeudi. Un jour de grève
nationale. Six jours plus tard, le 19 décembre, des
supermarchés et des boutiques de la capitale et de
différentes villes du pays étaient pris d’assaut
par la population affamée. Le président en exercice,
Fernando de La Rua, décrétait le soir même
l’état de siège. Dans un élan spontané,
que seule l’énergie du désespoir peut susciter,
des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants, tout un peuple,
sans distinction de classes sociales, descendait dans la rue.
En improvisant le plus grand concert de casseroles jamais
organisé, ils allaient contraindre le chef de l’État
à la démission. De ces quelques jours passés
en terre argentine, où le cours de l’Histoire s’est
brusquement accéléré, je garde en mémoire
les visages anonymes de ces hommes et de ces femmes faisant
la queue, pendant des heures, devant les banques et je songe
soudain à ces quelques phrases lues ou entendues dans
le film de Chloé Ouvrard et Pierre Barougier Radio
"La Colifata" : "Ici, à cause de notre passé,
des effets de la dictature, de notre identité incertaine,
personne n’est sûr de rien… nous sommes tous au bord
de la folie." (citation de Miguel Rep, dessinateur à
La Nacíon)
Avec l’énergie du désespoir
C’est sans doute ce brin de folie communicatif
qui nous a donné la force de croire, dans la tempête
qui secoue l’Argentine, que le projet restait viable, qu’il
allait pouvoir être mené à son terme.
Et ce, malgré l’absence de responsables aux postes
clés de la Culture en Argentine pendant de longues
semaines. Ainsi donc, si ces "Portraits de Buenos Aires" s’inscrivent
bien dans la longue série des portraits de villes développés
par le Forum des images depuis une dizaine d’années
(Moscou en 1989, Rome en 1993, Prague et Tokyo en 1994, Berlin
en 1996, Mexico en 1998), leur concrétisation à
une saveur indescriptible et ma première pensée
va vers celles et ceux qui ont contribué, jour après
jour, par leur obstination et leur passion, à leur
donner vie malgré l’incertitude du lendemain. Qu’ils
en soient tous chaleureusement remercié et reçoivent
ce programme comme étant le leur.
Forum des images
Porte Saint-Eustache
Forum des Halles
75001 Paris
Accès
métro
Stations Les Halles, ligne 4 (sortie Saint-Eustache)
et Châtelet, ligne 14
RER : Châtelet-Les Halles, lignes A, B et
D (sortie Rambuteau puis Forum - Place Carrée)
Accès voiture Parking Saint-Eustache entrées
rue Coquillière, rue du Louvre et rue du
Pont-Neuf Renseignements : 01 44 76 62 00
Site : http://www.forumdesimages.net
Forum des images : liste
des films programmés