Encore une fois, l’Institut de l’Image
va " tenter " de connaître Pier Paolo Pasolini,
à l’occasion de la semaine perugine d’Aix-en-Provence.
Après une intégrale en 1996 et quelques rendez-vous
furtifs, nous retrouvons pendant une semaine (celle de la
Fête du cinéma) l’univers heureusement irrécupérable
du poète-cinéaste. Des fictions incontournables
(Théorème, Salò, Le
Décameron en copie neuve…) accompagneront des "
essais-documents ", pour illustrer le fameux constat
de Pasolini : " J’aime la réalité mais
je n’aime pas la vérité. " Éternellement
scandaleux, comme ses deux maîtres Gramsci et Rossellini,
Pasolini doit continuer à questionner nos consciences
engourdies pour que nous ne soyons plus jamais acculés
à un 21 avril 2002…
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L’évangile selon Saint Matthieu
– Il Vangelo secondo Matteo
(It, 1964) 142 mn (VF, seule copie disponible)
Réal, scén : Pier Paolo Pasolini - Int : Enrique
Irazoqui, Margherita Caruso, Marcello Morante…
Les principaux événements de la vie de
Jésus-Christ, d'après le texte de Saint Matthieu.
De Saint Matthieu, qui fut, chronologiquement, le premier
à relater la vie du Christ, Pasolini déclara
: " Je pense d'abord que Matthieu est le plus révolutionnaire
de tous les évangélistes, parce qu'il est
le plus réaliste, le plus proche de la réalité
terrienne du monde où le Christ apparaît. La
relation qu'il fait des événements, de la
crise qui culmine à l'arrivée du Christ, me
paraît être celle qui correspond le mieux à
la mentalité et à la situation des gens de
l'époque ".
Œdipe Roi – Edipo
Re (It, 1967) 110 mn
Réal, scén : Pier Paolo Pasolini, d’après
Sophocle - Int : Franco Citti, Silvana Mangano, Alida Valli…
Un homme et une femme, avec leur enfant. L'enfant se
met à pleurer. La femme le caresse et le calme. L'homme
paraît jaloux de ce fils, dont la mère le prive
d'un peu de l'amour qui lui est dû. Dans le désert,
un bébé abandonné et attaché
au bout d'une branche, est recueilli par un berger, qui
l'apporte au roi de Corinthe, Polybe, et à la reine
Mérope. Ceux-ci, qui n'ont pas d'enfant, l'adoptent.
Devenu grand, Œdipe fait un rêve qu'il ne comprend
pas, mais qui le laisse accablé...
À la pièce de Sophocle, Pasolini rajoute
un prologue autobiographique, psychanalytique, et un épilogue,
où Œdipe, devenu aveugle, atteint à la pureté,
à la poésie. Sur le texte lui-même,
il opère par contre un surmontage d’éléments
épars, d’anthropologie, de fantaisie, de musiques
et de costumes trouvés aux quatre coins du monde,
qui renouvellent les mots et le mythe, la puissance barbare
qu’ils ont dans notre inconscient.
Théorème –
Teorema (It, 1968) 98 mn
Réal, scén : Pier Paolo Pasolini - Mus : Requiem
de W.A. Mozart, Ennio Morricone, Int : Terence Stamp, Silvana
Mangano, Massimo Girotti, Laura Betti…
Une famille milanaise bourgeoise type entre en crise suite
à un événement banal : la venue d’un
mystérieux et charismatique invité. Durant
son séjour, l’invité a des rapports sexuels
avec chaque membre de la famille. Après son départ,
rien ne sera jamais plus comme avant…
" La permanence des grands mythes dans le contexte
de la vie moderne m’a toujours frappé, mais plus
encore l’ingérence continuelle du sacré dans
notre quotidien. C’est cette présence qui échappe
à l’analyse rationnelle, que j’essaie de discerner,
de découvrir dans mon œuvre écrite et filmée,
et que j’ai essayé d’expliciter sous forme parabole
dans Théorème. " Pier Paolo Pasolini
Salò ou les 120 journées de
Sodome – Salò o le
120 giornate di Sodoma (It,1975) 116 mn
Scén : Pier Paolo Pasolini, avec la collaboration
de Sergio Citti et Pupi Avati, d’après Sade - Int
: Paolo Bonacelli, Giorgio Cataldi, Uberto Paolo Quintavalle,
Aldo Valletti…
Unanimement reconnu comme un film résolument anti-fasciste,
l’ultime réalisation de Pier Paolo Pasolini est une
adaptation des 120 journées de Sodome du Marquis
de Sade, dans le décor d’un château italien
au temps de la " République " mussolinienne
de Salo.
" … le pouvoir, le capitalisme, magnifie le corps
en le réduisant à une chose, en plus, comme
durant le nazi-fascisme, cette chose a été
visible, concrète, physique. Selon moi, le pouvoir
d’aujourd’hui manipule plus profondément les consciences.
" Pier Paolo Pasolini