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Autour du Vél d'Hiv (c) D.R. AUTOUR DU VEL D’HIV
16 au 21 juillet
Forum des images - Paris
 


Il y a 60 ans, les 16 et 17 juillet 1942, 12 884 Juifs dont 5 802 femmes et 4 051 enfants sont arrêtés à Paris par la police française sous les ordres du gouvernement de Vichy. Ils sont rassemblés dans l’enceinte du Vél d’Hiv (l’ancien vélodrome d’Hiver) puis à Drancy, avant d’être déportés dans des camps d’extermination nazis.

Le Forum des images propose un programme de 26 films traitant par le documentaire ou la fiction de cet épisode sombre de l’Histoire. Autant de documents nécessaires, de témoignages forts qui rappelleront à notre mémoire les circonstances tragiques de l’arrestation massive de la population juive parisienne et sa déportation vers les camps de la mort. Des fictions inspirées d’événements parisiens mais également des grandes rafles européennes sont présentées à l’occasion de ce cycle commémoratif, en présence des réalisateurs.


LE TEMPS DES RAFLES

La rafle du Vél d’Hiv n’est pas la première rafle de Juifs en France sous l’Occupation. En effet, trois autres rafles ont déjà été organisées à Paris dans les milieux juifs les 14 mai, 20-21 août et 12 décembre 1941. Mais la rafle du 16 et 17 juillet 1942 est sans conteste, quantitativement, la rafle la plus importante (au total 13 000 personnes ont été arrêtées ces deux jours-là). De plus, pour la première fois, elle n’épargne ni les femmes, ni les vieillards, ni même les enfants de moins de 16 ans (4 000 sont arrêtés). Cette rafle marque par ailleurs un tournant dans la persécution des Juifs en France car, à partir de l’été 1942, les arrestations et les déportations se multiplient tant d’ailleurs en zone occupée qu’en zone non occupée (38 convois d’environ 1 000 déportés à chaque fois quittent le pays à destination d’Auschwitz entre le 17 juillet et le 11 novembre 1942). Les rafles se poursuivent en 1943 et 1944 dans toute la France, à un rythme moins soutenu. Quoi qu’il en soit, la "grande rafle" du 16-17 juillet 1942 remet en question le mythe de l’autonomie et donc la légitimité du gouvernement de Vichy. En effet, ce sont clairement l’administration et la police française, certes à l’initiative des occupants mais sous les ordres directs de Pétain, Laval et Bousquet, qui organisent et mènent à bien les arrestations. Au total 9 000 fonctionnaires français (dont 4 000 policiers) ont été mobilisés pour cette opération de police très singulière où 27 000 fiches ont été extraites au préalable du "fichier Tulard" à la préfecture de police. L’opération mobilise aussi 60 autocars de la police et de la TCRP (ancêtre de la RATP) pour transporter les personnes arrêtées. Elle vise avant tout les Juifs étrangers ou apatrides qui sont internés au vélodrome d’Hiver dans la plus grande confusion et dans des conditions d’hygiène particulièrement lamentables. On manque même d’eau pour prendre en charge tant d’internés qui, avant d’être déportés, sont envoyés à Drancy, Beaune-la-Rolande ou Pithiviers. Dans d’autres pays d’Europe sous domination allemande, l’été 1942 a également correspondu à l’intensification des rafles et des déportations vers Auschwitz. Nulle part toutefois les occupants n’ont bénéficié d’une aide et d’un soutien si poussés de la part des pouvoirs publics. (Claude Singer)