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Madame Sata (c) D.R. LE CINEMA BRESILIEN
A CANNES
Par Yann RAYMOND


Il faut ce méfier d’un Dieu blessé ; on le croit fatigué, abattu, sur la fin d’une époque glorieuse. En face, on se raconte des histoires, la victoire semble acquise. Et pourtant. Certains étaient dans le vol retour tandis que d’autres se préparaient, en toute modestie, sans manifestation, pour le sacre final de quintuple champion du monde de football. Oui mais voilà, le football brésilien, tout le monde en a entendu parler. C’est une vieille connaissance. On ne peut pas en dire autant de son cinéma.



  Invasor (c) D.R.

Depuis que certains cinématographes des frères Lumières ont atterri à Rio au début du 20ème siècle, il se tourne régulièrement des films dans ce beau pays. Il y a eu l’époque du cinéma Novo, juste après la nouvelle vague, et puis après …. On a un peu de mal à situer. Il faut dire que les films provenant d’Amérique du Sud sont très peu distribués en France ; si vous êtes aux Etats-Unis, Rio n’apparaît même pas sur votre carte. Les efforts de festivals tels ceux de la Cita à Biarritz, le festival de Toulouse, celui des Trois continents à Nantes permettent aux spectateurs français de rencontrer annuellement des cinématographies peu diffusées. Si vous êtes à Paris, l’espoir s’appelle ID distribution, qui a sorti en salles Eu, tu, eles d’Andrucha Washington, entre autres, et bientôt vous permettra de découvrir O Invasor de Beto Brant, le meilleur film de l’année. Avec une production annuelle de 30 films environ, tous genres confondus, le nombre de bons films demeure faible, loin encore des prétentions à une sélection cannoise.

Il y a des années où tout marche. Les Brésiliens vous diront : graças a Deus. Plus sûrement, la sélection officielle hors compétition de Cidade de Deus doit surtout au talent de son réalisateur, Fernando Meirelles. La cité de Dieu autrement dit Rio de Janeiro, raconte sur trois décennies : 1960-1970-1980, l’histoire de différents personnages au sein d’une favela. Filmée au plus près, la violence s’infiltre partout, s’exprime dans les gestes, surgit dans les paroles, déborde la pellicule. Le réalisateur prend le temps de montrer l’évolution d’une favela. Il nous explique comment, au fil des décennies, elle devient un véritable labyrinthe à l’intérieur duquel les maisons se superposent comme ses habitants, vivant dans une pauvreté qui favorise et multiplie les incidents, alimente et développe les rivalités entre jeunes dont l’avenir est peu évoqué … Que faire ? … Qu’y faire ? Le personnage principal se passionne pour la photographie et décide d’en faire son métier, tout en étant exploité par un journal local qui voit en lui la possibilité de savoir ce qui se passe dans la favela. Cette favela, comme toutes celles du Brésil, est un lieu fermé dans laquelle seuls les habitants peuvent pénétrer sans craindre pour leur vie. Le ton est survolté. Le spectateur a du mal à reprendre son souffle. Les plans s’enchaînent avec une très grande habileté.

Madame Sata (c) D.R.
Le détenteur des droits du film était aux anges, le film ayant été bien accueilli, au point que les journalistes américains le voient déjà nommé pour les oscars du meilleur film étranger, l’année prochaine. Les joies de ce distributeur ne faisaient que commencer puisque quelques jours plus tard était projeté un autre de ses films, Madame Sata de Karim Ainouz à Un Certain Regard. De plus, il enregistre avec satisfaction le renouvellement du contrat d’exclusivité pour la distribution des films Miramax au Brésil.

Le Brésil était aussi représenté, bien entendu, par Walter Salles, membre du jury du Festival. Et puis il y a eu le Brésilien que personne n’attendait : étudiant de l’UFF (Université Fédérale de Fluminense) à Rio, Eduardo Valente, avec son court métrage Sol Alejandro  qui a remporté le prix de la Cinéfondation, présidée cette année par Martin Scorsese.

Après une période de quasi-absence, l’année 2002 est, en termes de représentativité, de visibilité tant institutionnelle que créative, une année importante pour le cinéma brésilien. La mise en route de l’Ancine (comparable à notre CNC) devrait lui permettre d’exister encore un peu plus et de se frayer un plus large chemin auprès de son propre public mais aussi auprès du public européen.




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