Du 13 au 17 novembre 2002
s’est tenu à Albi (Tarn), le Festival des Œillades,
comme chaque année organisé par l’association
Ciné Forum. Créée en 1989, cette association
de passionnés bénévoles a pour désir
de faciliter la rencontre et le débat entre le public
et les professionnels de l’audiovisuel, et d’éveiller
l’esprit critique des spectateurs, en particulier celui de
la jeunesse. Les Œillades 2002 d’Albi ont choisi de mettre
en valeur cette année encore les jeunes réalisateurs,
les nouveautés, mais aussi le cinéma fait par
les femmes entre France et Maghreb ainsi que la musique de
film.
C’est à ce titre que le festival, en partenariat avec
Traxzone.com, a choisi comme Invité d’honneur, une
des figures majeures de la musique de film, Bruno Coulais,
à travers une Table Ronde " Entendre la musique
" et un concert unique de Bruno Coulais et ses musiciens
de toujours. L'occasion pour beaucoup de (re)découvrir
l'intérêt d'une discipline encore trop méconnue:
la musique de cinéma.
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CONCERT
Compositeur / chef d’orchestre : Bruno Coulais. Piano :
Raoul Duflot-Verez, Guitare : Slim Pezin, Percussionniste
: Marc Chantereau, Quatuor à cordes : Christophe Guiot
(violon), Elisabeth Pallas (2e violon), Françoise Gneri
(Alto), Jean-Philippe Audin (violoncelle) Voix : Marie Kobayashi
et Nicolas Lemoine.
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C’est dans la très
belle et ancienne salle du Théâtre d’Albi qu’a
eu lieu le concert de Bruno Coulais; un théâtre
à l’italienne, pourpre, orné, intimiste. Contrairement
à son concert donné dans une salle de cinéma
à Auxerre l’an passé, Bruno Coulais peut ici
parler au public, tout proche, et donner la juste mesure de
sa musique dans de très belles conditions acoustiques.
Les musiciens sont tous des musiciens avec qui Coulais travaillent
depuis des années. L’ambiance sur scène est
des plus amicales. Les fous rires entre les musiciens n’ont
d’ailleurs pas manqué de se transmettre à tout
le public. Un rapport d’intimité s’est ainsi établi
très fort tout le long du concert. Plutôt rare
pour un concert de musique de film, et pour un beau concert,
tout simplement.
Le concert a débuté par une musique de conte
de fée un peu inquiétante, celle de Microcosmos
; on pénètre d’un coup dans l’immensément
petit, au plus près de la terre, avec la voix de Nicolas
Lemoine, jeune adolescent découvert par Coulais et
remplaçant ici le fils Coulais (ce dernier ayant eu
" la mauvaise idée de muer " comme le dit
le musicien). Un jeune chanteur capable de sons haut perchés,
et déjà présent pour l’Opéra de
Coulais l’an passé et chanteur sur le film d’animation
L’enfant qui voulait être un ours. La voix de
Maria Kobayashi, elle aussi, enlève le morceau "
Amour d’escargot ", avec une grandeur céleste.
Sa voix s’emballe dans " Des Masques ", un
des morceaux les plus réussis et dynamiques de Don
Juan. Ils chanteront ensuite un Requiem splendide en l’honneur
de deux cinéastes disparus : Jacques Davila et Christine
Pascal avec qui Coulais travailla à plusieurs reprises.
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Mais ce sont peut-être
les thèmes du Fils du requin, joués par
le quatuor, qui feront les plus grands tonnerres d’applaudissement
(avec les mêmes musiciens qu’à l’enregistrement
original en 1993). Bruno Coulais raconte au public la détresse
des deux gamins rebelles et héros du film et explique
la brutalité volontaire de l’interprétation
des musiciens, martelant avec rage leur instrument - le son
du violoncelle confinant parfois au son d’une guitare électrique
de hard rock. Coulais transfigure les cordes en percussion,
passe d’un état à un autre, d’une nature à
une autre, mélangeant les espèces comme un chercheur
fou et passionné. Les cordons ombilicaux arrachés
de la musique sont devenus des armes létales. Le violoncelliste
perdra d’ailleurs dans l’interprétation plusieurs cordes
de son long archet, des bouts de cordes fouettant l’air dans
l’agitation des morceaux.
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