Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     



 

 

 

 

 
Festival Paris tout court (c) D.R. FESTIVAL
PARIS TOUT COURT

Compte-rendu
Par Cyril ROTA


Pour sa première édition, le festival du court-métrage "Paris tout court" a réuni des intervenants francophones dans une compétition plus symbolique que réellement serrée.



  A propos d'Eric (c) D.R.

Si l’on doit saluer l’initiative, il faudra également être indulgent vis-à-vis des sélectionneurs qui n’ont pas vraiment trouvé les perles qui auraient pu faire briller ce festival. En effet, les deux premiers jours de la sélection auront été plutôt chaotiques, avec des films qui concourent plutôt dans la course à celui qui sera le plus puant ou le plus ennuyeux. Tous les stéréotypes du cinéma français d’art et d’essai y passent, de l’anarchiste hargneux Pierre Mérejkowski (A Propos d’Eric P.) et son discours aussi obscur que bruyant, à l’ultra nombrilisme de Carla, film de femme parfaitement inepte. Egalement au programme, le film d’étudiant inspiré, soit une variation d’un ennui mortel sur Bresson, avec Le Destinataire de Xiaoxing Cheng.

Tout cela ne serait pas bien grave, et on veut bien pardonner aux amusants agitateurs tels Mérejkowski qui ne gênent personne, si beaucoup des courts-métrages, y compris les plus mauvais tels A la vitesse du cheval au galop, n’étaient pas bardés de subventions qui, on le sait bien, tombent en cascade, c'est-à-dire qu’une fois le CNC accordé, le reste suit. D’où une profonde injustice et une inégalité totale dans la sacro-sainte " exception culturelle " française et ses belles intentions.

Loup (c) D.R.

Sans entrer dans une polémique déjà maintes et maintes fois abordée, rappelons cependant ici, puisque l’occasion m’en est donnée, le décalage entre la vocation " novatrice et créatrice " du court-métrage et l’académisme affligeant des films soutenus par les aides publiques. A l’exception de Loup ! de Zoé Galeron avec Cécile de France et Aurélien Recoing, qui fait preuve d’une belle énergie et d’une relative originalité, le reste est totalement insipide. Le manque de conviction de beaucoup de metteurs en scène laisse pantois, tant on est tenté de croire que le court-métrage, considéré comme " vivier artistique " est toujours animé par des jeunes artistes transis.

Parmi les bonnes surprises, retenons trois films vraiment marquants : Angèle de Françoise Tourmen, l’histoire braquée d’un amour charnel, passionnel et violent. Enfin un court-métrage qui possède un souffle inspiré et lyrique, à l’inverse de nombreux autres courts, souvent maladroits où tous les compromis éclatent à l’écran.

- Le Voyage Express au Mans d’Annette Dutertre un documentaire épatant qui peut parfois évoquer l’émission Strip-tease. Sauf que là, c’est la confrontation de la réalisatrice (intervenant également devant la caméra) avec ses parents qui fascine. Le sujet, très délicat (le père, âgé de 80 ans prépare ses obsèques), est traité avec une finesse et un sens de la dérision rare et précieux. Souvent à la frontière du voyeurisme, ce film nous donne à voir des situations limites, rarement montrées à l’écran. Une vraie réflexion sur le rôle et le poids des images.