|
|
|
|
Si l’on doit saluer l’initiative,
il faudra également être indulgent vis-à-vis
des sélectionneurs qui n’ont pas vraiment trouvé
les perles qui auraient pu faire briller ce festival. En effet,
les deux premiers jours de la sélection auront été
plutôt chaotiques, avec des films qui concourent plutôt
dans la course à celui qui sera le plus puant ou le
plus ennuyeux. Tous les stéréotypes du cinéma
français d’art et d’essai y passent, de l’anarchiste
hargneux Pierre Mérejkowski (A Propos d’Eric P.)
et son discours aussi obscur que bruyant, à l’ultra
nombrilisme de Carla, film de femme parfaitement inepte.
Egalement au programme, le film d’étudiant inspiré,
soit une variation d’un ennui mortel sur Bresson, avec Le
Destinataire de Xiaoxing Cheng.
Tout cela ne serait pas bien grave, et on veut bien pardonner
aux amusants agitateurs tels Mérejkowski qui ne gênent
personne, si beaucoup des courts-métrages, y compris
les plus mauvais tels A la vitesse du cheval au galop,
n’étaient pas bardés de subventions qui, on
le sait bien, tombent en cascade, c'est-à-dire qu’une
fois le CNC accordé, le reste suit. D’où une
profonde injustice et une inégalité totale dans
la sacro-sainte " exception culturelle "
française et ses belles intentions.
|
|
|
|
Sans entrer dans une polémique
déjà maintes et maintes fois abordée,
rappelons cependant ici, puisque l’occasion m’en est donnée,
le décalage entre la vocation " novatrice
et créatrice " du court-métrage et
l’académisme affligeant des films soutenus par les
aides publiques. A l’exception de Loup ! de Zoé
Galeron avec Cécile de France et Aurélien Recoing,
qui fait preuve d’une belle énergie et d’une relative
originalité, le reste est totalement insipide. Le manque
de conviction de beaucoup de metteurs en scène laisse
pantois, tant on est tenté de croire que le court-métrage,
considéré comme " vivier artistique "
est toujours animé par des jeunes artistes transis.
Parmi les bonnes surprises, retenons trois films vraiment
marquants : Angèle de Françoise
Tourmen, l’histoire braquée d’un amour charnel, passionnel
et violent. Enfin un court-métrage qui possède
un souffle inspiré et lyrique, à l’inverse de
nombreux autres courts, souvent maladroits où tous
les compromis éclatent à l’écran.
- Le Voyage Express au Mans d’Annette Dutertre un documentaire
épatant qui peut parfois évoquer l’émission
Strip-tease. Sauf que là, c’est la confrontation
de la réalisatrice (intervenant également devant
la caméra) avec ses parents qui fascine. Le sujet,
très délicat (le père, âgé
de 80 ans prépare ses obsèques), est traité
avec une finesse et un sens de la dérision rare et
précieux. Souvent à la frontière du voyeurisme,
ce film nous donne à voir des situations limites, rarement
montrées à l’écran. Une vraie réflexion
sur le rôle et le poids des images.
|