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Balseros (c) D.R. RENCONTRES INTERNATIONALES
DE CINEMA DU FORUM
DES IMAGES
Grand Prix du Public 2002

BALSEROS

de Carles Bosch et Josep Ma Domènech
Par Julie REMY


LES ESPOIRS GACHES DU " REVE AMERICIAN "

Ni reportage, ni documentaire, Balseros est un film universel sur les rêves brisés, l’immigration, l’exil. C’est le regard d’un journaliste espagnol sur sept vies, sept destins d’hommes et de femmes qui ont quitté leur famille et risqué leur vie pour trouver le bien-être matériel introuvable sous le régime castriste.

  Carles Bosch (c) D.R.

En août 1994, le grand reporter catalan Carles Bosch et "son caméraman préféré" Josep Maria Domènech ont filmé sur l’île communiste l’exode massif de Cubains désespérés. Par dizaines de milliers, hommes, femmes et enfants se jetaient à la mer sur des radeaux de fortune dans l’espoir d'une vie meilleure par-delà les rivages de la Floride.

Présenté aux Rencontres internationales de cinéma à Paris - où il a reçu le Prix du public -, Balseros a tenu l’affiche pendant trois mois en Espagne. La chaîne américaine HBO en a récemment acquis les droits de diffusion et le film a été sélectionné pour participer au festival de Sundance en janvier 2004. Mais ce qui compte le plus pour Carles Bosch, c’est la présentation du film au Festival de La Havane en décembre 2002, et à Miami en avril 2003.

" Les personnages que j’ai filmés pendant sept ans sont contents que le film passe à Cuba parce qu’ils ont appris à quel point le rêve américain est difficile et ils veulent que les gens le sachent à Cuba ", a souligné le réalisateur lors d'un débat avec le public parisien.

Balseros suit toutes les phases de cette tragique émigration, depuis l’obsession du départ à quelque prix que ce soit, jusqu’au désespoir du déracinement pour certains, ou pour d'autres la satisfaction d’une intégration réussie et d'un rêve devenu réalité. Chacun des sept personnages suit un chemin différent et Carles Bosch suit les péripéties de leur parcours avec la caméra de Josep Maria Domènech, fluide et confiante.

Balseros (c) D.R.

Le premier long métrage du journaliste catalan témoigne de la persévérance et du courage de ces héros malgré eux, qui vivent parfois un sentiment d’échec tellement cuisant qu’ils préfèrent oublier leur passé et s'éloigner de leur famille, au risque de perdre leurs racines. Outre l’histoire individuelle de chaque expatrié, c’est la difficile condition d’émigré, un thème universel et brûlant d’actualité, qui est ici décrite avec brio.

L’intérêt stratégique du sort des balseros n’échappera pas au spectateur attentif, qui assiste en fait à une partie d’échecs entre le régime castriste et l’administration américaine. " C’est Fidel qui a gagné la partie, parce que Clinton a fini par traiter les Cubains de la même façon que les autres immigrants, et pas comme des héros contre-révolutionnaires ", a expliqué Bosch lors de la projection de son film devant le public parisien.

" On a essayé dans le film de ne pas donner notre opinion politique. Ce film n'est pas contre-révolutionnaire. D'ailleurs, je crois que ça serait une erreur de la part des dirigeants cubains de mettre à l'écart les opposants. Cuba a besoin de gens critiques pour ne pas céder face à l'administration américaine ", a-t-il ajouté.

Connu pour son émission 30 minutes - l'équivalent d'Envoyé spécial en Catalogne -, Bosch a notamment réalisé des reportages sur la guerre du Golfe et la guerre de Bosnie. Après son reportage à Cuba pour la télévision catalane, il a gardé contact avec les sept protagonistes et leurs familles et a conservé plus d'une centaine d'heures d'images enregistrées entre Cuba et les Etats-Unis.