Parce que la forme clip
se rattache à deux histoires : celle de la chanson filmée
(en d’autres temps aussi appelée phonoscène, soundie,
scopitone…), et celle du cinéma en général, traversé par des
chansons, par des créations de nouveaux rapports entre l’image
et le son, et dont le cinéma contemporain compose un florilège
permanent.
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Et en effet, le clip approfondit
quelque chose de l’image : qu’il s’agisse des vitesses,
du travail sonore, de la recherche plastique, de la performance,
le clip démontre constamment qu’il n’est pas une forme acculturée.
Dans ces échanges permanents entre le cinéma de fiction et
le clip, des cinéastes réalisent quelques chefs d’œuvres de
la chanson filmée (David Lynch, Wong Kar-Waï, F. J Ossang,
Jean Epstein, Abel Ferrara, le Groupe Medvedkine et Chris
Marker, Santiago Alvarez…), et certains réalisateurs de clips
proposent des films aussi brefs que stupéfiants (Michel Gondry
étant sans doute le plus formaliste et le plus passionnant).
On a souvent fait du clip le valet d’une industrie de promotion.
C’est souvent vrai, mais c’est aussi faire l’impasse sur la
puissance critique du clip, qu’il s’agisse d’une commande
commerciale ou d’un geste individuel de réflexion ou de révolte
(de Johanna Vaude à Chris Korda et Marilyn Manson).
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Et c’est là que se noue
le lien somptueux entre la chanson et l’avant-garde, qu’incarne
Marc’O (le réalisateur des mythiques Idoles), qui offre
à Catherine Ringer et à Génération Chaos leurs performances
les plus radicales, dont les gestes se prolongent dans une
création visuelle et de montage absolument inédite.
Dans les formes de montage spécifiques qu’invente la forme
clip, faites de sérialité et de ruptures, le geste de danse
et de performance trouve des figurations inédites, oscillant
constamment entre continuité et discontinuité, critique radicale
par le corps et fantasme de légèreté absolue. Les performances
les plus radicales renouent même avec une histoire encore
méconnue de la danse (Catherine Ringer et Hanin Elias, la
chanteuse d’Atari Tennage Riot, renouant à la fois avec Catherine
Hessling, Valeska Gert et la tradition des « danseuses
épileptiques » de la fin du 19ème siècle,
qu’illustra remarquablement Polaire).
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