Point de vue Mathieu Amalric a fustigé le manque d’inventivité formelle
pour justifier sa décision. Pourtant, il apparaît que ce film
mérite d’échapper à ce jugement. Plus encore, le jury aurait
très bien pu lui attribuer le grand prix selon moi. Car Le
portefeuille impressionne par son audace, son originalité,
son élégance graphique et sa maîtrise de bout en bout. A partir
d’un portefeuille trouvé dans la rue par le personnage, le
film imagine cinq possibilités d’histoires différentes se
déroulant dans les mêmes lieux. Mais au lieu d’être racontées
successivement, elles le sont simultanément, et l’auteur réussit
la gageure de les faire tenir à chaque fois dans un même plan.
Pour cela, il a imaginé une astuce simple et efficace :
le personnage, démultiplié en cinq doubles, se voit attribué
une couleur différente selon chaque histoire. Ce système narratif
est parfaitement maîtrisé : cela reste toujours clair
et le rythme ne faiblit pas. Il me semble que dans ce film
d’animation adulte, assez noir, Vincent Bierrewaerts a réussi
quelque chose d’assez neuf : introduire la virtualité
comme principe actif du récit, à tel point que le spectateur
se demande si cela se passe ou pourrait se passer.
Le Principe du canapé
de Mike Guermet et Samuel Hercule
Scénariste : Mike Guermyet, Samuel
Hercule, Directeur photographie : Richard Tibo, Ingénieur
du son: Raphaël Mouterde, Nicolas Delatte, Musique : Timothée
Jolly, Denis Mignard, Montage : Philippe Vincent, Pierre
Gilbert, Interprète : Benoît Thévenoz, Mike Guermyet, Philippe
Vincenot, Luc Vernay, Samuel Hercule, Voix : Mike Guermyet,
Samuel Hercule
Synopsis Sept jours, c'est le temps qu'il fallut à Dieu pour
créer : ciel et terre, homme et femme, Simon and Garfunkel.
Sept jours, c'est le temps qu'il nous fallut pour comprendre
notre erreur. Et c'est là qu'on a inventé le principe du
canapé.
Point de vue Distingué par un prix spécial, ce sympathique et farfelu
premier film a déjà une petite carrière derrière lui, ce
qui semble avoir dépassé les espoirs les fous de ses deux
auteurs, Mike Guermet et Samuel Hercule. Il faut dire qu’ils
l’ont tourné avec un budget minimaliste avec une bande d’amis.
Résultat : le film était sélectionné à Cannes dans
le cadre de la semaine internationale de la critique. En
l’occurrence, il s’agit d’une comédie absurde et gentiment
allumée, à l’esprit un peu anglais, qui distille un humour
presque poétique, fonctionnant par associations d’idées
incongrues et loufoques, autour du principe du canapé.