L’accélération
des phénomènes de concentration remet en cause,
en raison de l’internationalisation des films, l’idée
qu’un film puisse être identifié en fonction
de sa nationalité. A l’heure actuelle, les films se
divisent en deux catégories, les " régionaux "
et les " internationaux ". Ce tracé
grossier est volontaire mais reflète, à s’y
méprendre, la majorité des films qui sortent
en salle depuis quelques années. Youssef Chahine disait
lors d’un colloque international (1), " le
capitalisme aujourd’hui pousse les masses à la compétition "
et parfois à leur destruction. Le système économique
dans lequel nous vivons, basé sur l’économie
de marché, encourage l’internationalisation de l’industrie.
Le développement des réseaux de communication
et l’implantation du modèle occidental dans le monde
conduisent progressivement tous les pays à adopter
l’économie de marché. Le terme de " région "
ne s’applique plus à la Provence mais à une
étendue beaucoup plus grande, la France. Le monde se
divise en zones économiques dont la puissance de chacune
d’entre elles est déterminée par le taux d’inflation,
la quantité d’échanges en bourse, etc. L’économie
est un mode de censure pour le cinéma (français).
Mais " cette emprise, pour être extrêmement
massive […] est-elle pour autant " Collective " ? "
(2). Certains acteurs de l’industrie cinématographique
française tentent de se détacher de ce mouvement
cyclonique qui aspire tout le monde vers des schémas
industriels et filmiques semblables.
Dans ce contexte, faut-il
modifier la manière dont la nationalité d’un
film est déterminée ?
Prenons un exemple industriel classique : l’automobile.
L’identité d’un film est déterminée en
fonction de la provenance des fonds. Il est considéré
de nationalité française lorsque au moins 50%
des investissements sont français. Cette définition
de la nationalité d’un film, le différencie
des autres produits industriels. Prenons l’exemple d’une automobile.
Le critère déterminant pour définir son
origine est sa valeur ajoutée. Une voiture est française
si son prix de vente inclus au moins 50% de valeur ajoutée
en France. C’est-à-dire que l’ensemble des moyens utilisés
pour assembler, construire et vendre cette voiture est assurée
à majorité sur le territoire français.
Cela comprend, entre autre, la provenance des pièces
détachées de la voiture, la conception du véhicule,
etc. A titre d’exemple, Renault vient de racheter la société
Nissan. Les voitures issues de cette dernière possèdent
dans leur prix de vente une valeur ajoutée au Japon
supérieur à 50%. Par conséquent cette
voiture est considérée de nationalité
japonaise et non française. Prenons l’exemple de l’usine
Ford située dans la région Aquitaine. Bien que
l’investissement proviennent des Etats-Unis, siège
de la société Ford, la construction, l’assemblage,
etc. sont effectués en France.
De ce fait, le film se différencie des autres produits
qui prennent en considération le critère de
la valeur ajoutée pour définir son origine.
Favoriser les investissements étrangers dans l’industrie
cinématographique française passe par un assouplissement
des réglementations en vigueur. L’objectif est de maintenir
et d’encourager une progression de l’emploi dans le secteur
du cinéma. Dans ce cas, l’Etat pourrait adapter le
critère de la valeur ajoutée comme c’est le
cas dans la majorité des secteurs, à l’industrie
du cinéma. Cette décision engendrerait une fuite
des capitaux vers l’étranger beaucoup moins importante
qu’elle ne l’ait actuellement. De nombreux films français,
dans cette perspective, comprendraient des temps de tournage
en France supérieurs à ceux d’aujourd’hui, afin
de bénéficier de la nationalité française.
Par exemple : Jeanne d’Arc de Luc Besson.
Le tableau ci-après met en valeur différents
exemples :