Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     

 

 

 

 

 
Drapeau du Congo (c) D.R. CONGO BRAZZAVILLE
Le cinéma à l’abandon
Par Fridolin NGANGA


Inexistence de salles de projection, carence de politique de promotion, le cinéma congolais est sans plus laissé-pour-compte. Une situation à la fois, dépravante pour les mœurs, et désespérante pour l’avenir du cinéma congolais. Sébastien Kamba, président de l'Association des cinéastes congolais, ne désarme pourtant pas.



  Tchicaya de Leandre Alain Baker(c) D.R.

On y pense pas ! Le cinéma congolais n'existe plus. En mésalliance avec le régime marxiste de la période post-coloniale, les timides élans du film congolais des années 1970 se sont ensuite brisés avec les guerres récurrentes de la décennie écoulée. Le bradage de toutes les salles de projection de la capitale aux ''églises dites de réveil'' a davantage annihilé ses initiatives et l’a plongé dans un ''sommeil'' profond. En clair, toutes les salles de projection ont été vendues aux groupements religieux, dits "fous de Dieu", qui les utilisent comme lieux de culte permanent. Ce qui n’est évidemment pas sans conséquence sur des populations qui, jadis, avaient intégré la culture du cinéma, et s’y rendaient quotidiennement pour découvrir les nouveautés du grand écran.

Des entreprises personnelles ont vite émergé au sein d’une jeunesse confrontée à l’horripilante réalité du chômage. Nantis d’un magnétoscope et d’un téléviseur, ils proposent à vil prix (25 francs CFA / film), une variété de films dans des quasi étouffoirs. Journellement, on a à l’affiche : les incontournables films d’action américain, prisés pour leurs effets spéciaux ; les variétés musicales du Congo d’en face (Congo Kinshasa) et les très tenants films pornos. Et, à la sous-barbe des autorités compétentes, les tout petits (9 à 12 ans) s’adonnent à cœur joie au spectacle hard.

Aimée Mambou Gnali (c) D.R.
Pour le président de l'Association des cinéastes congolais - organe requinqué sous la forme d'une Organisation non gouvernementale (Ong), en quête d'un partenariat avec le gouvernement -, "le cinéma est une part de l'esprit d'une nation". Cette opinion n’est visiblement pas partagée par les sensibilités locales. D’ailleurs, au sein du gouvernement, on ne s’en cache pas : "La culture est le cadet des soucis du gouvernement", reconnaissait au cours d’un point de presse, la ministre en charge de la Culture, Aimée Mambou Gnali. Les conséquences de cette indifférence envers le septième art, pourtant source d'immenses possibilités, tant artistiques et expressives que commerciales et industrielles, "aura inévitablement des répercussions culturellement dangereuses sur la société congolaise", estime Matondo Kubu Ture, sociologue, enseignant à l’Université Marien Ngouabi, l’unique établissement d’enseignant supérieur du pays.

Absente des fêtes continentales et mondiales du film, la cinématographie congolaise tourne aujourd’hui bel et bien le dos à son histoire, à sa gloire. Selon Sébastien Kamba, un des premiers cinéastes du pays, le film congolais a connu ses "lettres de noblesse" avec Les raisons d'une alliance (1973), long métrage tiré du roman d’un écrivain du pays, Jean Malonga. Considéré comme classique du cinéma africain, il a passé 5 ans au Musée du film de New York. Le Congo était ainsi un des premiers pays d'Afrique francophone à mettre à profit cette relation cinéaste-écrivain, du roman au film, explique-t-il.

  Camille Mouyeke (c) D.R.
Ont suivi, à partir des années 1978, La Chapelle, Les lutteurs, longs métrages de Jean-Michel Tchissoukou ; 'Médecin tradi-moderne Le réveillon de Noël, respectivement court-métrage et téléfilm de Sébastien Kamba, Cinquantenaire de Brazzaville de Bernard Lounda. Puis bien d'autres films, notamment de cinéastes de la diaspora, Alain Léandre Baker avec Un pygmée dans la baignoire et Diogène à Brazzaville (sur Sony Labou Tansi, écrivain congolais) ; Camille Mouyeke avec Voyage à Ouaga ; Pierre David Filla : L'homme-mémoire et Matanga.

Des noms comme Alain Nkodia, Valère Youlou Mingoley (avec Premier bureau, deuxième bureau, tilt), M. Kimbembé ont un tant soit peu marqué l'histoire du film africain", se souvient-il. Des comédiens congolais comme Alain Léandre Baker jouant dans une séquence de Médecins de nuit ou Pascal Nzonzi dans Le professionnel avec Jean-Paul Belmondo et aussi dans Black Mic Mac, ont signé de leurs empreintes l'histoire du cinéma. A l’aune de ce passé qui s’éloigne davantage, les cinéastes congolais ne manquent pas de talent et l’avenir pourrait s’avérer moins sinistre. Et à Sébastien Kamba de les égrener : "Il y a des jeunes formés dans de grandes écoles de cinéma tels que Charles Nouma, Thérèse Batalamio, Roch William Ondongo, Bernard Mbounda ou Julio Nzambi, etc., qui n'attendent que d’être exploité au maximum de leurs potentialités".



Acheter ce livre ou DVD sur le site : Fnac
Acheter ce livre ou DVD sur le site : PriceMinister
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Amazon
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Librairie Lis-Voir