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DES ACTEURS EXTRAORDINAIRES …

  Le Parrain (c) D.R.

Peut-on imaginer aujourd’hui Vito Corleone joué par un autre acteur que Marlon Brando ? Bien sûr que non ! Pourtant, l’idée même d’engager l’interprète principal et oscarisé de Un tramway nommé désir  a longtemps exaspéré la Paramount, société productrice du film. Coppola a bien accepté de le remplacer en effectuant un casting monumental où tout Hollywood se précipita, mais la personnification de Don Corleone ne fut jamais trouvée. La Paramount donna le feu vert à contre-cœur, à Coppola pour engager Brando, à la seule et unique condition qu’il passe lui aussi des essais… essais auxquels il se plia avec son manque de sérieux légendaire. Brando n’avait pas appris son texte, mais avait livré une improvisation extraordinaire, se mettant du cirage dans les cheveux et du fromage dans la bouche pour rendre compte de sa vision de Corleone. Tout le monde étant tombé sous le charme, Coppola n’eut aucun mal à engager la star. Le futur lui donna aussi raison.

Mais Brando n’est pas le seul à avoir littéralement impressionné les producteurs du Parrain. Al Pacino, qui jouait Michael Corleone, était également critiqué… Mais c’était lui que Coppola voulait, malgré des essais assez médiocres. Une fois de plus, tout le gratin d’Hollywood se rendit au casting pour essayer de décrocher l’un des rôles principaux de ce qui n’était alors qu’un film de gangster de plus. Pacino fut engagé mais ne convainquit les producteurs qu’après quelques semaines de tournages et la fameuse scène du meurtre de McCluskey et Tataglia dans le restaurant italien. Avec cette scène, Pacino, obtint tout le crédit qu’il méritait vis-à-vis de ses détracteurs, producteurs ou techniciens.

Le Parrain (c) D.R.

Robert De Niro fut aussi un coup de poker de la part de Coppola. De Niro avait passé les essais pour joué Santino, un autre des fils Corleone. Mais Coppola avait tellement peur d’être une fois de plus rappelé à l’ordre par ses producteurs, et ce malgré les essais d’anthologie que De Niro a passé (voir coffret DVD collector Le parrain), qu’il se résolut à choisir James Caan, acteur plus médiatique, vu notamment dans Rollerball  de Norwan Jewison. Son choix fut aussi judicieux, mais on ose à peine imaginer ce que le personnage de Sonny aurait été s’il avait été joué par Robert De Niro. Qu’à cela ne tienne, Coppola garda De Niro dans un coin de sa tête, et le débauche pour incarner Vito Corleone jeune. Une autre interprétation extraordinaire pour cette saga culte.

Lorsque se prit ensuite la décision de tourner une troisième partie du Parrain, le directeur de casting proposa un jeune acteur d’origine cubaine à Coppola, Andy Garcia. Le cinéaste fut subjugué par les essais du comédien et n’eût cette fois aucun mal pour l’embaucher. Il faut dire qu’entre 1974 (date de sortie du Parrain 2) et 1991 (le Parrain 3), Coppola a gagné son crédit dans la profession, des dollars en créant Zoetrope avec son ami George Lucas, et des prix (oscars, palme d’or…). Les acteurs révélés dans Le Parrain sont aujourd’hui encore les meilleurs… il fallait de toute façon des acteurs de cette race pour interpréter les rôles difficiles et exigeants de la saga crée par Mario Puzo.



UN SCENARIO A TOUTE EPREUVE

  The Godfather le livre (c) D.R.

Œuvre littéraire avant de devenir un film, Le Parrain surprend tout le monde de bout en bout. Les personnages ont tous une force, un caractère bien précis, fidèle à l’idée que l’on peut se faire de la mafia italo-américaine, tout en n’étant jamais caricaturaux. Ils ont tous leurs faiblesses aussi… Michael est fort, mais pitoyable (au début du moins), Santino est agressif et démesuré. Et tous les personnages ont été travaillés de la même façon. Ainsi, tous les protagonistes du film sont extrêmement ambigus. Prenez Le Parrain II, lorsque Michael fait tuer Fredo… Aurait-on imaginé un tel scénario au début de la saga ? Tous les personnages ont subi un traitement particulier. Coppola ne voulait pas de caricatures de mafieux. C’est pour cela qu’il a imaginé Michael et Vito très réservés, aux antipodes de l’image que l’on a des Italiens. Il n’y a pas de manichéisme non plus… Tous les mafieux sont malhonnêtes, certes, mais tous ne sont pas détestables ; et mettre des policiers, des avocats, etc… dans le camp des mafieux contribue à prouver aux gens que le bien et le mal ne sont pas délimités aussi simplement que ça…

Cependant, le scénario tel que l’aurait voulu Coppola n’était pas envisagé par la Paramount. Le metteur en scène ne voulait pas de violence dans son film, et des scènes comme l’attentat contre Santino auraient pu ne pas faire partie du film, si Coppola avait eu plus de pouvoir à l’origine. Le cinéaste souhaitait avant tout raconter l’histoire tragique des Corleone, avec en filigrane, l’évolution des Etats-Unis au fil des ans, et la vie que pouvaient y mener des immigrés italiens. De plus, avec le temps, Le Parrain a pris une nouvelle dimension, historique cette fois. Ainsi, les personnages naviguent à travers les dates marquantes de l’histoire des Etats-Unis au Xxème siècle. Les migrations italiennes, les ghettos, la révolution cubaine, la mort du Pape Jean-Paul 1er… Les grandes dates de l’histoire du XXème siècle servent à l’intrigue du film. Elles créent le destin des mafieux… leurs succès et leurs faillites.