Premier long-métrage de David
Myrick et Eduardo Sanchez, jeunes réalisateurs, l’université
de cinéma de Columbia, The Blair Witch Project s’adressait
par son sujet à la génération "Scream
& jeux vidéos", et donc à un public plutôt
jeune et utilisateur d’Internet. L’équipe à donc
mis en place, alors que le film était encore en production,
un site Internet en juin 98. |
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Fait peu courant et vraiment intéressant
sur le web, les concepteurs du site lui ont donné sa
propre autonomie par rapport au film. Alors que la très
grande majorité des sites officiels se contentent de
livrer à leurs visiteurs le synopsis du film, quelques
éléments biographiques sur les acteurs, une
galerie de photos et parfois un jeu, selon un canevas-type
relativement insipide, le site de The Blair Witch Project
se démarque par son originalité.
En effet, il parvient à s’imprégner de l’esprit
du film tout en se suffisant à lui-même. Basé
sur le point de départ du scénario, le site
détaille toutes les informations relatives à
la disparition des trois jeunes apprentis réalisateurs
dans la forêt de Blair, et présente notamment
les rapports de police et les photos des indices retrouvés
dans les bois (matériel de tournage, …). Développant
l’histoire autour du film, le site respecte scrupuleusement
son principe de base : faire croire qu’il s’agit d’une
histoire vraie. Au final, un site qui va plus loin que le
film dont il est à l’origine et vit indépendamment
de lui, tout en le servant d’un point de vue marketing.
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Second phénomène intéressant,
le site officiel de The Blair Witch Project a mis en
place une véritable interactivité avec son lectorat :
échanges de mails, invitations à des projections-tests
… Disposant au départ de 40 abonnés, la mailing-list
en comptait avant la présentation du film à
Cannes plus de 3 000. Ce " réseau-dans-le-réseau "
a permis aux deux réalisateurs de se faire connaître.
Le site, rapidement devenu leur carte de visite, notamment
dans les médias, a été un véritable
tremplin pour le film, lui assurant une image à la
fois branchée et déjà culte. Grâce
à ce bouche-à-oreilles virtuel, le film s’est
vu sélectionné à Sundance, où
il a remporté un certain succès. Il y a notamment
trouvé de nombreux acheteurs, assurant ainsi sa rentabilité,
à l’instar de Pi l’année précédente.
Un bien belle aventure, qui prouve que cinéma et web
peuvent faire bon ménage. Un cas qu’il serait de bon
ton d’étudier dans les états-majors marketing
de bon nombre de distributeurs …
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