Objectif Cinéma : Vous
êtes un acteur " physique ", on
a dû vous le répéter souvent !
Denis Lavant : Oui,
mais j'aimerais préciser tout de suite, pour moi c'est
absolument normal, un acteur c'est forcément physique
: l'instrument d'un comédien (le terme " comédien
me revient mieux) c'est comme l'instrument d'un musicien,
c'est son corps, c'est pas seulement sa voix, son visage,
c'est tout son organisme. Physique et cérébral.
Pour moi, c'est presque un pléonasme, mais c'est vrai
qu'on me le répète souvent !
Objectif Cinéma : Précisons
davantage : par rapport à de nombreux comédiens,
vous faites partie de ceux qui utilisent le plus et le mieux
leur corps. La question serait donc : quel est votre
rapport au corps ?
Denis Lavant : Beh,
j'essaye de faire avec ! (rires)
Objectif Cinéma : Et
dans le film de Claire Denis, comment avez-vous travaillé
sur votre corps ?
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Denis Lavant : Mon
corps, c'est quelque chose avec quoi je vis en permanence,
et mon métier de comédien, c'est également
quelque chose avec quoi je vis depuis un certain temps,
quelques vingt ans officiellement et professionnellement,
mais disons qu'avant d'être comédien j'ai expérimenté
des choses physiquement, car c'est cette expression-là
qui me plaisait, comme l'acrobatie, le jonglage, des choses
dont je me sers pas spécialement dans les films ou
le théâtre, mais qui m'apportent, qui permettent
de me délier ! Donc j'essaye le plus possible,
et encore plus maintenant, d'arriver sur un personnage,
un film ou une pièce de théâtre en étant
affûté, comme un boxer ! Le rapport avec
le sport n'est pas idéal, mais c'est quand même
ça, d'être affûté physiquement,
d'avoir un corps qui est capable de réagir à
des propositions, et en même temps d'être affûté
psychiquement ! Essayer de lier les deux ! Il
y a des cas, comme pour le film de Claire Denis, où
il y a un travail en plus, une préparation pour incarner
un personnage. Dans Beau Travail, comme il s'agissait
de rendre crédibles des légionnaires, on a
travaillé avec un chorégraphe qui fait des
spectacles très intéressants. Nous avons fait
un traitement d'endurance, des pompes, des efforts de résistance,
et aussi des exercices d'assouplissement, des mouvements
stylisés, avec une chorégraphie réellement
créée sur l'entraînement militaire.
Je trouve ça très cohérent, parce qu'on
sent plus l'effort et la tenue de ces hommes-là dans
des mouvements qui sont davantage d'ordre chorégraphique,
que si on les voyait faire des choses toujours fastidieuses !
En plus c'est beaucoup plus agréable à faire !
On a travaillé un peu plus d'un mois ainsi. Mais
le plus grand travail fait avec tous les types qui jouaient
les légionnaires, soit des comédiens, soit
des danseurs, soit des musiciens, soit des gens qui ont
été simplement recrutés dans le civil,
c'est d'apprendre à avoir une confiance dans le contact
avec l'autre, ce qui n'est pas forcément évident
entre hommes, comme ça, faire des étreintes,
pas forcément des choses agressives, mais de l'ordre
du contact masculin, dur ou tendre ! Ce chorégraphe
nous a énormément apporté. Ce que je
constate ensuite, dans toutes les scènes quotidiennes,
où il n'était pas question de jouer le légionnaire
dans sa tenue de légionnaire, c'est que le personnage
est habité par l'uniforme, même quand ils sont
à table en train de manger, ou en train de repasser
leur linge. L'uniforme du légionnaire n'est pas seulement
un déguisement, le militaire en est habité.
Et tout l'intérêt de ce travail, c'était
ça.
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2000 Le Monde
à l'envers de Rolando Colla
2000
La Squale de Fabrice Genestal
1999
Beau Travail de Claire Denis
1999
Promenons-nous dans les bois de Lionel Delplanque
1999
Tuvalu de Veit Helmer
1998
Cantique de la racaille de Vincent Ravalec
1997
Don Juan de Jacques Weber
1995
Visiblement, je vous aime de Jean-Michel
Carre
1993
La Partie d'echecs de Yves Hanchar
1992
De force avec d'autres de Simon Reggiani
1989
Mona et Moi de Patrick Grandperret
1989
Un tour de manège de Pierre Pradinas
1988
Les Amants du Pont-Neuf de Leos Carax
1986
Mauvais sang de Leos Carax
1983
Boy meets girl de Leos Carax
1983
Paris - Ficelle de Laurence Ferreira Barbosa
1983
Viva la vie de Claude Lelouch
1982
Coup de foudre de Diane Kurys
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