Objectif Cinéma : Vous
dites que Chow c'est vous, que le film raconte votre histoire,
celle d'un temps perdu. In the mood for love serait-il
le temps de la perte et de la mélancolie ?
Tony Leung :In
the mood for love n'est pas seulement une histoire d'amour,
c'est aussi la mémoire d'une époque (les années
soixante), c'est un film sur le regret et la déception
lancinante. Un film qui raconte une chose qui nous manque
terriblement.
Objectif Cinéma : Que
pensez-vous de la dernière scène du film où
Chow va à Angkor ?
Tony Leung :Nous
devions faire cette scène. Elle me paraît essentielle,
vraiment. Je crois intimement que Chow devait aller à
Angkor et ainsi se pardonner. Car il s'agit bien de cela,
il va rechercher le pardon pour ne plus se sentir coupable.
Alors, il met son secret dans le trou du mur du temple. Wong
Kar-wai ne m'avait donné aucune indication concernant
la façon dont je devais jouer cette scène, il
m'a seulement dit de la faire selon ma propre idée.
J'étais libre d'improviser. J'ai compris que le personnage
devait se faire pardonner. Il va se confesser, comme dans
une église, face à ce trou.
Objectif Cinéma :Pourquoi
dites-vous qu'il vous est si facile d'être Chow ?
Tony Leung : Jouer
revient à cacher qui je suis, c'est plus facile que
de parler devant une assemblée.
Objectif Cinéma : Comme
devant nous ? (rire de Tony Leung devant répondre à
cinq personnes, petite assemblée...)
Tony Leung :Oui,
à peu près ! Je pense, plus sérieusement,
que cela vient de mon enfance, car j'ai du apprendre très
tôt à dissimuler mes émotions, à
les refouler. Comme Chow, je devais cacher, enfouir en moi
des sentiments douloureux et honteux.