Objectif Cinéma : Pourquoi
parle t-on de script-girl pour désigner votre profession
?
Sylvette Baudrot : Les
américains disent script clerk ou script supervisor,
et mettent ainsi en relief lattention que nous portons au
scénario, aux changements de dialogues...Quant aux
anglais, ils nous appellent continuity girls, terme qui fait
référence aux raccords. Par contre les italiens
emploient segretaria di edizione, signifiant " secrétaire
du montage ". En réalité, chacune de ces
appellations renvoie à une partie bien précise
du travail de la scripte. Mais ce sont peut-être les
allemands qui saisissent le mieux l'ensemble des responsabilités
de la scripte, la bühnensekretärin, littéralement
" secrétaire de la scène ", soit pour
le cinéma, " secrétaire de plateau ";
car la scripte est plus rattachée au film en général
qu'à un département en particulier.
Objectif Cinéma : Pouvez-vous
nous donner des exemples de scriptes qui sont devenus des
metteurs en scène ?
Sylvette Baudrot : Oui.
Tous les metteurs en scène mexicains ! Là-bas,
pour obtenir sa carte de réalisateur, il faut obligatoirement
avoir travaillé comme scripte. Aux Etats-Unis, Robert
Aldrich et Fred Zinnemann ont débuté comme script-clerks.
Mais ce phénomène est nettement moins fréquent
en Europe.
Objectif Cinéma :
Quel est le genre de faux raccordsqui
vous agacent le plus ?
Sylvette Baudrot : Vous
savez un clou chasse l'autre. Et il y a parfois des faux
raccords qui n'impliquent pas une erreur de la part de la
scripte. Par exemple, il arrive qu'on supprime, au montage,
un plan qui sert de lien entre le plan précédent
et le plan suivant. C'est souvent le choix d'une production
qui manque de moyens. En attendant, les raccords ne correspondent
plus. Résultat, quand le film sort en salle, je prie
pour que mes proches n'aillent pas le voir !