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Les sujets des films que j'ai produits
n'ont pas ce côté " air du temps ",
mais j'ai trouvé qu'il y avait à chaque fois
des personnalités extrêmement fortes. Comme
ce sont des premiers films, il y a des choses plus ou moins
bonnes à chaque fois... Ce ne sont pas des "
habits " impeccables, il y a parfois des coutures qui
se voient un peu trop, des ourlets qui vont de travers,
mais ce qui m'importe, c'est la personnalité, le
caractère, la force qu'ont peut supposer qu'a le
metteur en scène dans ce qu'il raconte. Réussir
à parler de son époque n'est pas une obsession
dans les films que je produis. C'est d'abord extrêmement
dur, et en plus dès qu'un film s'approche un peu
de ça, j'ai souvent une sorte d'insatisfaction parce
que je trouve qu'ils sont toujours plus faibles que la réalité.
Les films qui ont bien marché ces derniers temps,
qu'on a dit " révélateurs " de leur
époque ne le sont pas pour moi parce qu'ils sont
un peu " dopés ", ils parlent de leur époque
tout en étant en même temps très séduisants,
et c'est quand même difficile de dire que notre époque
est séduisante... Parler de l'époque sous-entendrait
donc d'accepter une dimension de sincérité,
de vérité et de volonté d'arrondir
les angles, que bien peu de réalisateurs ont. Mais
je ne leur reproche pas ! Quand je me risquerais sur ce
terrain là, qui m'attire beaucoup (car c'est de la
responsabilité du cinéma plus que d'un autre
art), je n'ai pas du tout envie de faire de compromis par
rapport à la séduction et par rapport à
l'éventuel succès que l'on voudrait qu'aît
le film... "
(...) " Ce que j'aime beaucoup dans
les films de Pierre (Salvadori), c'est sa façon d'aborder
des sujets aussi importants qu'ils pourraient l'être
dans des films dit sérieux, à travers notamment
le mal être des personnages... Les Apprentis avaient
une dimension sociale forte avec ce mec de 40 balais dépressif...mais
Pierre ne se prend pas du tout non plus au sérieux
par rapport à ça. Il a toujours le souci de
rendre accessible un sujet grave, sérieux et pas
très simple, sans toutefois se fourvoyer. "
(...) " Je reconnais au cinéma
sa fonction de divertissement et de forme d'expression la
plus divertissante, et à côté de ça,
je ne peux pas me satisfaire d'un film qui n'aurait comme
seul but de divertir. Mais à côté de
ça, j'y pense tout le temps quand je fais un film.
"
(...) " J'ai évidemment un
caractère qui se ressent un peu sur ce que je produis,
mais je ne peux pas établir de comparaisons par rapport
à ça. J'aime bien le cinéma, mais il
y a bien d'autres formes d'expression que j'aime beaucoup,
donc j'essaye d'oxygéner mon rapport au cinéma.
Je vois des films, mais en même temps, j'écoute
plus de musique que je ne vois de films, et je vois beaucoup
de pièces de théatre. Je trouve indispensable
de faire circuler les choses. (...)
La légèreté ne s'oppose
pas à une certaine forme de profondeur, c'est même
une des cohabitations les plus harmonieuses qui soient !
Parce que la profondeur avec le sérieux et la lourdeur,
c'est indigeste, ce n'est pas possible ! Mais avoir les
deux en tête, sans perdre de vue l'un ou l'autre,
c'est aussi une façon de fonctionner ! "
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(...) Je fonctionne beaucoup par
rapport au long terme, les films m'intéressent évidemment,
mais les auteurs m'intéressent vraiment plus... Le
chemin avec un auteur est pour moi la chose la plus agréable.
Je ne sais pas comment j'évoluerais, mais je ne suis
pas sûr que je produirais beaucoup de films...parce
que c'est très dur de trouver des auteurs avec lesquels
on sait que ça peut durer longtemps...et quand on
a cela, on se dit que c'est finalement moins excitant d'aller
vers des choses dont on se dit " bon, il est sympa,
je fais ce film avec lui et puis après, basta ! ".
Ce n'est pas trop ce qui m'attire. Je continue par contre
à être vraiment attiré par les premiers
films. Le plus intéressant et le plus grisant, c'est
quand même le début ! Quand vous ne savez pas
et que celui qui est en face de vous ne sait pas plus !
Quand vous avez quelque chose de mystérieux, qui
est de l'ordre de l'intuition, que je peux avoir, mais que
l'auteur peut avoir aussi, sur sa capacité à
être vraiment fait pour faire du cinéma. Ce
qui est vraiment intéressant, c'est de s'occuper
de ce mystère-là. "
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