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  HERVE ICOVIC
Directeur de Alter Ego
Entretien réalisé en février 2001
Par Richard DALLA ROSA


Directeur de Alter Ego, société parisienne de doublage de films, Hervé Icovic est aussi directeur de plateau et conseiller artistique (pour Michael Haneke par exemple).


Dancer in the dark (c) D.R.
Objectif Cinéma : Hervé Icovic, vous êtes directeur de plateau, directeur artistique, mais quel est le cheminement pour en arriver là ? Cela tient-il davantage d'une vocation, d'un hasard de parcours, d'une bifurcation ?

Hervé Icovic : En ce qui me concerne, c'est un hasard. Au départ, je suis comédien, je suis venu au doublage en le découvrant sur le terrain. Mais ce que je faisais ne me plaisait pas vraiment. Quand j'étais acteur de doublage, on me demandait juste d'être synchrone, d'être plus rapide ici, plus lent là, mais il n'y avait pas de personne habilitée à faire ça entièrement. Cette direction d'acteurs n'était pas celle que j'attendais. C'est pourquoi j'ai créé cette société, Alter Ego, il y a dix ans, on a essayé d'innover, de prendre les choses de façon différente. Je crois que le problème de base du doublage c'est son nom même. Le doublage sous-entend le concept de doublure, comme s'il y avait un vrai et un faux. Ce n'est pas ça : la version française n'est pas un " faux " de la version originale. C'est une autre version, une autre création.
Pour faire une version française, il ne faut surtout pas avoir peur de trahir la version originale, c'est comme la traduction d'un livre. En règle générale, on sous-entend que c'est une photocopie, le directeur d'acteurs et les comédiens reviennent à l'original : " Il a fait ça comme ça, alors on va faire pareil " C'est stupide, ça ne sert à rien de reproduire les mêmes choses. La seule chose qui compte, c'est la vérité de l'acteur. Si l'acteur copie, il n'a plus de vérité, et le spectateur ne ressent pas l'émotion qu'il devrait ressentir. Le doublage de Dancer in the dark a été vraiment difficile d'un point de vue strictement artistique. Si on nous a dit que la version française était bonne malgré tout, c'est grâce aux comédiens, et parce que nous sommes allés chercher très loin pour restituer l'émotion.


Objectif Cinéma : Comment avez-vous fait travailler l'actrice française par rapport à Björk ?

Hervé Icovic : Je l'ai fait travailler surtout par rapport à elle ! Je dirige comme sur un plateau, il n'y a pas de différence. Pas de différence technique même. La technique se travaille dans l'écriture, et se trouve évidemment dans le synchronisme avec l'image, mais il ne faut surtout pas se focaliser sur ce point, car on doit laisser une marge de liberté au comédien de doublage pour qu'il trouve sa vérité. Il ne faut pas faire passer la technique du doublage avant, il est préférable d'essayer de réfléchir d'abord par soi-même à la situation sur l'écran, et ensuite de s'adapter pour être synchrone.


Objectif Cinéma : Il y a donc un travail d'invention, de création.

Hervé Icovic : Oui, totalement. La version doublée est une autre version originale d'une certaine manière, mais adaptée au pays en question. Nous avons aussi notre part de création.


  Dancer in the dark (c) D.R.

Objectif Cinéma : N'y a t-il pas aussi un problème de reconnaissance ?

Hervé Icovic : Dans un certain sens, notre métier, c'est vrai, est mal connu, donc parfois mal apprécié. Et puis il y a les versions originales sous-titrées qui sont aussi des formes de doublage, mais la barrière de l'image subsiste : il est difficile de lire en bas de l'écran, tout en savourant l'image complète. Et l'on perd une certaine partie de la traduction aussi avec l'écrit, car le problème de place dans l'image reste toujours le même. C'est aussi ardu à faire que le doublage oral.


Objectif Cinéma : Faire du doublage n'est pas une vocation apparemment, c'est donc un travail à part et assez difficile qu'on rencontre sur notre chemin.

Frédérique Liebaut (associée de Hervé Icovic) : C'est vrai, c'est rare qu'on se dise un jour " Tiens je vais faire du doublage ! ", en général ça ne fonctionne pas comme ça, les gens n'arrivent pas ici de cette manière. C'est plutôt une question de parcours personnel : on veut faire du cinéma, on se spécialise dans le montage par exemple, et par le biais de rencontres, on découvre le domaine du doublage. C'est après qu'on se rend compte que le doublage comporte lui-même beaucoup d'aspects : détection, traduction, adaptation, etc.



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