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La trilogie - Un couple épatant, Cavale, Après la vie (c) D.R. LUCAS BELVAUX
Réalisateur
Propos recueillis
le 16 décembre 2002 à Paris
Par Bernard PAYEN


Lucas Belvaux traîne ses guêtres de comédien depuis le début des années 80 dans les films de Jacques Rivette (Hurlevent), Claude Chabrol (Poulet au vinaigre, Madame Bovary), ou Olivier Assayas (Désordre). Il passe à la mise en scène en 1992 avec Parfois trop d'amour, mais c'est en 1996 qu'il se fait véritablement remarquer. Pour rire, comédie de l'adultère, particulièrement réjouissante, réunissait Jean-Pierre Léaud, Ornella Muti et Antoine Chappey.

On ne savait pas encore alors que Lucas Belvaux avait le projet original et enthousiasmant d'une trilogie, ou plutôt d'un triptyque sur les apparences trompeuses des êtres humains. C'est maintenant chose faite. Un couple épatant, comédie inquiète, Cavale, polar idéaliste, et Après la vie, mélo épuré, forment un ensemble cohérent et extraordinairement ludique pour le spectateur. Trois genres de cinéma pour trois couples et trois univers différents dans un même espace (Grenoble et ses environs) et une même temporalité (grosso modo 24 heures entre jour et nuit), parsemée de passerelles communes (des mêmes scènes filmées sous un autre angle, des hors champs insoupçonnés, etc.). Notre perception des personnages change sans cesse au fur et à mesure qu'on les connaît, selon qu'ils soient à l'arrière ou l'avant-plan.

On gagnerait à revoir éternellement ces trois films, à découvrir à chaque vision leurs richesses ou à imaginer celles qu'on peut s'inventer. La trilogie de Lucas Belvaux redonne ainsi du tonus à cette vieille idée que le plus beau film est aussi celui qu'on s'imagine. On peut dès lors emprunter les oripeaux de l'un de ces personnages de fiction pour se l'accaparer et imaginer la suite de ses aventures.

En attendant de laisser son propre esprit vagabonder, allons voir la trilogie de Lucas Belvaux ! Dans cet entretien, le comédien cinéaste détaille son projet.


  Lucas Belvaux (c) D.R.
Objectif Cinéma : L'idée de la trilogie est venue de votre film Parfois trop d'amour…

Lucas Belvaux : Oui… Je regrettais presque alors de ne pas avoir pu filmer plus de scènes avec les personnages (et comédiens) secondaires du film. Parfois trop d'amour était un road movie qui se déroulait sur 24 heures, avec trois personnages principaux qui croisaient à plusieurs reprises d'autres personnages secondaires. Je m'étais dit que j'aurais pu filmer les mêmes 24 heures dans la vie de chacun de ces personnages secondaires.


Objectif Cinéma : C'est un vrai fantasme de cinéaste et de spectateur et… c'est sans fin !

Lucas Belvaux : Effectivement. Et je n'en avais pas totalement pris conscience au niveau de l'écriture. Je me suis rendu compte aux festivals de Toronto et de Chicago que les spectateurs anglo-saxons, qui ne connaissaient pas vraiment les acteurs, ne pouvaient pas deviner à l'avance quel serait le couple principal des films suivants. Pour eux, tous les acteurs sont au même niveau de notoriété et Georges, le docteur, ou Claire, la secrétaire, auraient pu faire aussi l'objet d'un film.

Beaucoup de gens me demandent encore aujourd'hui pourquoi je n'ai pas fait de quatrième ou de cinquième films, mais il faut bien s'arrêter à un moment ! Même si je l'avais fait, cela aurait engendré d'autres personnages secondaires dont on aurait voulu suivre également l'histoire, etc.