Cinéastes.net :
Est-ce que vous vous occupez aussi
de l'aspect diffusion ?
Marcelle Thirache : Je les
dépose à Light Cone, qui est un organisme de diffusion dont
je fais partie, à laquelle je participe : j'y vais régulièrement.
J'aime bien cette idée d'être distribuée par une coopérative
de Cinéastes.nets. Même si on délègue nos pouvoirs à des gens
qui s'en occupent (qui sont Miles, Yann (2),
qui s'occupent de la programmation, de les envoyer etc.).
De temps en temps, j'envoie des films à des festivals. C'est
toujours compliqué, j’envoie une cassette à mes frais, et
comme je ne suis sponsorisée que par moi-même, parfois j'hésite.
Parfois je me lance, ça dépend de l'inspiration que j'ai.
Je n'aimerais pas être diffusé par le cinéma commercial. Après,
ça peut faire rire de penser que je puisse passer un film
de trois minutes au Grand Rex, mais c'est juste de l'humour.
Cinéastes.net : Et
en ce qui concerne la diffusion télé ?
Marcelle Thirache : Je ne
suis pas très passionnée à l'idée de passer mes films à la
télé parce que je fais des films de cinéma, qui doivent être
projeté sur un écran suffisamment grand afin que toute la
magie du mouvement, de la lumière, de la transparence - sur
laquelle je travaille - apparaisse. Ce n'est pas le cas à
la télé. Les gens qui regarderaient mes films seraient forcément
déçus. Pour la peinture, quand on regarde des reproductions,
on trouve ça merveilleux ou nul et quand on va voir les originaux,
ça peut tout changer. Je pense que ça fait exactement le même
effet ; la télé n'est pas un bon moyen de diffusion du
cinéma expérimental, ce n'est qu'un moyen d'information.
Cinéastes.net : Il y a un
élément qui, dans le dispositif cinématographique, est important :
c'est le fait que le spectateur soit dans le noir.
Marcelle Thirache : Oui, il
est complètement dans le film. Moi j'aime bien quand on voit
du cinéma expérimental, il y a certaines séances où l’on a
l'impression d'avoir des images plein la tête, alors qu'à
la télé, cela ne nous arrive jamais puisque même si on a un
grand écran, on ne peut pas être happé à l'intérieur de l'image,
ce qui arrive dans le cinéma, dans le cinéma expérimental
aussi.
Cinéastes.net : Avez-vous
envie de rajouter encore quelque chose ?
Marcelle Thirache : Le cinéma
expérimental peut servir aussi à montrer ce que moi j'ai envie
de voir et comment je veux le voir. J'ai particulièrement
travaillé sur le corps des femmes et j'ai essayé à travers
mes films de montrer que ce que l'on voyait au cinéma en général
ne correspondait pas à un corps de femme. J'ai essayé de le
montrer autrement, car si, dans mes films, on ne voit pas
beaucoup de corps de femmes, je travaille sur le fantasme
de l'image. Il reste toujours complètement abstrait. Après
à chacun, à chacune, en regardant ces images, d'y voir des
corps de femmes. Pour moi c'est beaucoup plus sensuel, beaucoup
plus érotique que ce qu'on appelle communément sensuel ou
érotique.
|