" Il caresse mon dos,
mon ventre et mon côté;
Il me baise les joues, puis il me suce les lèvres,
Il m’embrasse, m’étreint et me fait rouler sur
le lit,
Je suis entre ses mains comme un corps sans vie.
Chaque partie de ma personne reçoit tour à tour
ses mordements,
Et il me couvre de baisers de flamme.
Lorsqu’il me voit excitée, il vient vite à
moi,
Il ouvre mes cuisses, il embrasse mon bas-ventre;
Il me met son membre dans la main, afin que je le fasse
frapper à ma porte
Et qu’il arrive dans mon vagin. "
Le Jardin Parfumé, de Cheikh Nefzaoui, édition
Philippe Picquier
|
TEXTE SEXUEL
|
 |
|
|
Le texte lu, le sexe s’ancre
dans le crâne. L‘auteur a réussi son pari ; d’un
tas de feuillets épars, réminiscence de toutes
ces enfantines lectures, surgit un objet incandescent où
le sens s’affole du verbe sexuel. Le pouvoir de Catherine
Breillat est palpable dans sa manière toute personnelle
qu’elle a de faire sien ce qui appartient à autrui.
Les écrits de Godard, de Ravalec, Lautréamont,
Morgiève, Miller, Rabelais, Calaferte, Genet, Despentes
parmi tant d’autres farouchement extraits de leur matrice
acquièrent une vie autre, celle de la recomposition,
du montage où fatalement le sens se crée. Le
fil rouge du roman, car secrètement l’auteur nous livre
son journal intime, est l’absolue. " L’amour
physique c’est la poursuite impossible du passage à
travers le corps pour rejoindre l’épure de l’âme "
(page 211) Ordonné en seize chapitres comme un chemin
religieux à suivre, la lectrice que je suis ne peux
s’empêcher de comprendre le projet scandaleux, poétique
exposé tout au long des 238 pages de lecture : édifier
un corps féminin glorieux, un sens et un verbe nouveaux
où la souillure et le meurtre font partis des ébranlements
du corps.
Plus que les plaisirs de
la chairs si complaisamment consommés dans les magazines
dits adultes, Le Livre des Plaisirs a le souci sacerdotale
en tête : le frémissement de la chair se vit
sur le mode de l’inquiétude, du rire aussi, de la tendresse
et du questionnement. L’orgie suprême consiste pour
le lecteur à se lire à haute voix tous ces bruissements
de mots coupés, écorchés vifs se fracassant
d’une page à l’autre. Richard Morgiève avec
Sex Vox Dominam peut répondre à Virginie
Despentes de Baise-moi grâce au montage du sens
de la cinéaste, car il s’agit aussi d’un travail de
mise en scène : des voix, des corps, des mondes. L’emprunt,
la citation sont des démarches de création impudiques
- voler par amour - et nécessaires s’agissant de donner
à entendre et à sentir la Passion.
 |
|
Titre : Le Livre du plaisir
Auteur : Catherine
Breillat
Editeur : Edition
n°1
ISBN : 2863919342
|
|
|