Mon premier réflexe
devant cet ouvrage a été de me demander qui
est Paul-Marie Battestini. J’ai donc tout d’abord retourné
ce mystérieux ouvrage dans tous les sens, regardé
au début, à la fin, mais rien n’indiquait qui
était cet auteur que je découvrais. Pour savoir
quelque chose de P-M Battestini, il fallait lire Pensée
d’un corps, pensée d’une peau du début à
la fin, dans l’ordre qu’on nous donnait à lire, sans
en mélanger les différentes parties, car l’écriture
le méritait.
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Le sentiment premier est
celui d’un prologue transformé en première partie,
un prologue tronqué de son début, un largage
dans le livre trop rapide. L’écriture semble universitaire.
P-M Battestini serait-il étudiant ? Le fil de
la pensée semble être morcelé, trop morcelé :
dans le premier chapitre, les sous-parties ne font parfois
que quelques lignes (Le plan unique, Le montage, Le mythe
fondateur…), qui mériteraient sans doute de plus amples
développements… Cette impression de texte tronqué
vient sans doute autant du fait de l’écriture et de
la construction que de la mise en page. Contrairement à
ma consœur Nadia Meflah, la disposition des photos me met
plus souvent mal à l’aise dans ma lecture qu’elle ne
m’aide à m’y retrouver, d’autant plus que les photos
ne sont pas légendées, ce qui pourrait être
utile lorsqu’on n’a pas vu tous les films cités et
représentés…
Mais revenons au texte.
Face à un film donné (l’intitulé de la
collection Cinéfilms étant Un film en question),
P-M Battestini tente une rapide interrogation générale
à propos de l’image cinématographique et de
son besoin de signifier, interrogation tout à fait
fondée devant le film étudié, Crash,
qui ne repose (à-priori) sur aucune véritable
trame narrative (mais tout est bien sûr relatif).
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Passé ce premier
chapitre, l’écriture et la pensée se libèrent,
se dévoilent peu à peu, s’épanchent de
plus en plus, jusqu’à épouser totalement le
film en en reproduisant les sensations que la vision peut
en donner : un sensuel brutal, une excitation étrange.
Et l’analyse se transforme en littérature… Alors se
pose-t-on la question de l’analyse et du contenu de ce genre
d’ouvrage : faut-il prendre une distance froide avec
le sujet et le film que l’on traite ou au contraire s’en imprégner
de telle façon que la tête du lecteur en tourne ?
P-M Battestini semble se poser inconsciemment la question
lorsqu’il dit, p89 : Il faudrait (nous soulignons)
pourtant distinguer maintenant deux points de vue différents
mais largement complémentaires. Celui des personnages
du film qui évoluent selon une logique amorale et celui
du spectateur qui, malgré une première manipulation
quant à l’impossible appréhension d’une relation
adultère, doit préserver et garantir un système
de morale.
A partir du chapitre trois,
l’auteur se penche sur une question qui devrait, à
mon sens, intéresser les spectateurs et analystes de
cinéma au plus haut point : celle du corps au
cinéma, dans un temps où l’on a (un peu trop)
tendance à oublier l’acteur pour ne penser qu’à
l’auteur ; comment passer à côté
lorsque l’on parle de Cronenberg… Le corps n’est pas vu uniquement
comme étant manipulé, mais aussi comme manipulateur
et indépendant.
Les annexes enfin semblent
être trop ou pas assez présentes. Un peu trop
succinctes, elles auraient gagné à être
intégrées dans le texte et développées
(je pense notamment à "Une approche musicale de Crash").
"Crash sur Internet" a le mérite d’aiguiser
notre curiosité, L’histoire à nous replonger
dans le film, bien que difficilement accessible avant la lecture
de l’analyse.
Pensée d’un corps,
pensée d’une peau fait l’effet d’un objet hybride,
à mi-chemin entre l’analyse et l’essai littéraire,
en progression constante de l’un vers l’autre. Mais qui êtes-vous
Paul-Marie Battestini ?
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Titre :
Pensée d’un corps, pensée d’une
peau
Sous titre :
Crash de David Cronenberg
Auteur :
Paul-Marie Battestini
Editeur :
Dreamland
Collection :
Cine Films
Nombre de pages :
144 pages
Format :
16 cm x 21 cm
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