Non content de tenir le
haut de l'affiche avec le très réussi Mulholland
Drive, sorti en novembre dernier, David Lynch se fend
d'une bande originale pour le moins riche et décadente.
Une fois n'est pas coutume, Angello Badalamenti (déjà
responsable des ténébreuses ambiances de Lost
Highway, Twin Peaks...) distille d'inquiétantes
nappes de synthés propices à l'inconsciente
étrangeté du film. David Lynch, lui, nous gratifie
de quatre morceaux hypnotiques où boîtes à
rythmes et guitares distordues entament d'inquiétantes
incantations. Quand Jitterbug, morceau d'ouverture,
ne met pas le feu aux poudres alliant batterie survoltée
et cuivres déjantés, le mystérieux Silencio,
morceau phare et languissant de cette bande originale oriente
le film vers les méandres du fantastique. Entre sublimation
et échange de personnalité, Mulholland drive
s'avère chaotique dans son déroulement, sans
pour autant faillir et sombrer dans l'hermétisme grâce,
en partie, à la partition musicale. En effet, le film
déroute le plus souvent et se pare de quelques fulgurances
musicales qui ne desservent pas la narration, bien au contraire.
Alternant morceaux canailles (le kitchissime I've told
every little star de Linda Scott ou bien encore The
beast de Milt Buckner) et compositions atmosphériques
(Pretty 50's et Go Get Some de David Lynch himself
sont des plus convaincantes) le disque conserve une homogénéité
certaine. En fait, la musique de Mulholland Drive participe
purement et simplement aux délires schizophréniques
de Diane. Littéralement jouissive cette B.O ensorcelle
au même titre que les images de Mulholland Drive.
David Lynch nous convie ni plus ni moins à rentrer
dans la danse paranoïaque de son film par le biais de
cette diabolique musique. C'est une invitation qui ne se refuse
pas. A présent Silencio...
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