Synopsis : Jacques
Laurent est un réalisateur de films pornographiques
vieillissant et quelque peu névrosé, qui a connu
son heure de gloire dans les années soixante-dix. Aujourd'hui,
il est forcé de reprendre son activité suite
à des problèmes financiers. Quelques années
auparavant, son fils Joseph avait claqué la porte du
domicile familial, lorsqu'il avait découvert que son
père était un metteur en scène hors normes.
Le temps a passé. Jacques et Joseph vont se retrouver
au moment où le père cherche comment finir sa
vie et le fils comment donner un sens à la sienne.
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D’emblée, Le Pornographe
tente de se positionner à contre-courant de la
tendance " porno intellectuel " initiée
par Catherine Breillat. Ici on ne mélange pas le sexe
à la narration, l’utilisation d’acteurs de films X
étant limitée au seul contexte de l’exercice
de leur métier. Il n’y a donc pas de voyeurisme dans
la mise en scène du Pornographe, qui s’attache
davantage à souligner la lassitude d’un homme qui a
perdu le désir, blasé par le sexe, les femmes,
la vie, qu’à faire l’éloge des rapprochements
charnels non simulés.
A la vision des scènes
érotiques, résulte peu d'excitation, mais surtout
un sentiment de naturel et de " légèreté ",
totalement absents de Baise-moi ou de Romance
qui s’attachaient au contraire à faire de ces passages
des moments forts et assez malsains.
L’intérêt du
pornographe se trouve ailleurs, peut-être dans cet " entre-deux "
cinématographique : à l’image de son personnage,
perdu dans sa vie mal organisée, le film se réclame
d’un intellectualisme auteuriste rigoureux tout en en refusant
les règles, cherchant une simplicité, une naïveté.
Cette hésitation ne dessert pas du tout le film, bien
au contraire, elle lui donne sa raison d’être :
une errance métaphysique qui refuse de se faire happer
par l’une ou l’autre tendance, avec suffisamment de recul
pour éviter la lourdeur dans laquelle l’entreprise
aurait pu tomber.
Quoi de plus agaçant
en effet que les états d’âme d’un vieux pervers,
qui plus est interprété par Jean-Pierre Léaud,
figure ancestrale du cinéma d’auteur, symbole de la
nouvelle vague ? Plutôt que de se laisser surpasser,
Bertrand Bonello parvient à canaliser l’apport historique
de son comédien, donnant au rôle une épaisseur
et un charisme essentiel, sans lequel on aurait ri de ce méta-film
hasardeux. Refaire La nuit américaine à
la sauce Despentes, c’est le pari risqué mais réussi
qu’a fait le réalisateur. Dommage que la quête
de reconnaissance du personnage principal envers son fils
ne soit pas très bien traitée, arrivant comme
un cheveu sur la soupe au milieu d’un sujet déjà
assez vaste. Ce qui n’empêche pas Jérémie
Renier de confirmer son talent, et peut-être est-ce
là le passage de flambeau entre les auteurs d’hier
et ceux d’aujourd’hui.
C’est en tout cas la découverte
d’un cinéaste intéressant, qui cherche la qualité
sans céder aux facilités esthético-narratives
qui animent une partie de sa génération.
Bonus :
Le court métrage Les aventures de James et David
de Bertrand Bonello (11 mn anglais sous titré français),
le commentaire audio du film de Bertrand Bonello et Philippe
Azoulay (journaliste à Libération), une interview
de Jean-Pierre Léaud par Marc Voinchet (15 mn avec
extraits du film montés par Bertrand Bonello), le clip
JPL (chanson de Bertrand Bonello et de son groupe interprétée
par Laurie Markovitch) la bande annonce, ainsi que l’affiche
du film et la présentation des projets d’affiches non
retenus.
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Titre : Le Pornographe
Réalisation :
Bertrand Bonello
Acteurs : J.-P.
Léaud, J. Rénier, D. Blanc, A. Houri,
Ovidie
Editeur : Editions
Montparnasse
Durée :
106 mn
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