Synopsis :
Béatrice (prononcez " béatritché ",
puisque que nous avons affaire à la vénéneuse
italienne Asia Argento), héroïne éponyme
du film, oiseau de nuit et troisième terme d’un trio
de malfrats londoniens – avec ses deux compères Paul
et Bruno, interprétés par Rupert Everett et
Jonathan Rhys-Meyers, l’un dandy déjanté et
l’autre jeune blondinet hystérique –, Béatrice,
donc, décide subitement de se ranger des voitures.
Le déclic lui vient d’une rencontre coup de foudre
avec un professeur à la double vie – instituteur le
jour et DJ dans un hôpital (!) pendant la nuit –, interprété
par Jarred Harris.
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UN SINGE EN GALERE
Après le grand succès
public du Facteur (Il Postino), le nom de Michael
Radford reparaît sur les écrans au générique
de B.Monkey. Dans une hypothétique classification
des genres cinématographiques, B.Monkey occuperait
la case hybride des " films de gangsters romantiques ".
Le film prétend en effet (mais une chose est de prétendre,
une autre de tenir ses promesses) concilier deux genres
a priori hétérogènes : le film noir
contemporain et la comédie romantique ; deux styles
tout aussi différents : un montage ultra-rapide
d’images sophistiquées et de longs plans jazzy et langoureux ;
des personnages au profil opposé : trois
marginaux déjantés et un représentant
de la middle class anglaise ; etc., etc., etc… En bref,
il s’agit de conserver les acquis (financiers ?) du Facteur
et de greffer par-dessus un emballage de " genre ".
OPERATION
RATEE
Cet improbable mélange,
au lieu du cocktail explosif prévu, s’avère
être une indigeste mixture. Pour réussir la gageure
susdite, il eut fallu un scénario d’un tout autre calibre
– entendez : d’un calibre bien supérieur – ;
une mise en scène à la hauteur ; une direction
d’acteurs impeccable. Or, le scénario accumule les
invraisemblances narratives jusqu'à frôler le
ridicule : on n’avait, par exemple, pas vu de coup de
foudre si peu crédible au cinéma depuis longtemps.
Radford, au lieu d’étendre le registre limité
du ressort lacrymal, revient à son application la plus
sommaire cinq minutes à peine après le début
du film – cinq minutes " clipesques "
qui expédient la tâche de planter le personnage
de B.Monkey. La mise en scène de Radford, ensuite,
oscille entre les deux extrêmes du langoureux et de
l’électrique et tente par à coups de les réunir :
un séjour romantique à Paris, passé dans
un hôtel crasseux ; une soirée bien arrosée,
conclue par la nausée de Béatrice (on a droit
au détail du dîner !). Le personnage semble
aussi rétif à digérer son repas, que
l’actrice à interpréter son rôle.
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L’échec de B.Monkey,
à la mesure de l’attente que suscitent désormais
ses apparitions, c’est d’abord et surtout l’échec d’Asia
Argento. On ne lui jettera pas la pierre : elle ne pouvait
à elle seule sauver le film du naufrage. Mais, si Radford
avait eu la preuve par son précédent film que
faire vibrer la corde sensible chez le spectateur était
un gage de succès, son obstination à faire de
la fibre romantique la vérité profonde des êtres
(et de ses personnages, leur penchant pour le " mal ",
l’illégal, l’anormal,… n’étant que de surface
et cachant mal une foncière et angélique innocence)
lui fait rater le charme singulier de l’actrice italienne.
Le réalisateur réduit le genre " noir "
à un exercice de style et peine à faire cracher
à Argento le venin qu’elle distille avec art chez Ferrara
ou lorsqu’elle se met elle-même en scène (cf.
le bon Scarlett Diva). Heureusement, ou malheureusement,
pour le spectateur, qui sort indemne de la séance.
BONUS : La
biographie de Asia Argento et les filmographies des acteurs
et du réalisateur Michael Radford.
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Titre : B. Monkey
Réalisation :
Michael Radford
Interprètes :
Ian Hart, Jared Harris, Asia Argento, Rupert Everett,
Jonathan Rhys-Meyers
Scénario : Michael
Thomas, Choe King, Michael Radford
Photographie : Ashley
Rowe
Editeur : TF1 Vidéo
Public légal :
tous publics
Langue : français,
anglais
Format image : 16:9
compatible 4/3 format d'origine respecté
1.85
Qualité :
Stéréo, couleur
Durée :
90 minutes
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