Comment composer le score
d’une série de six films, répartis en deux trilogies
séparées de vingt ans, tout en conservant une
certaine fraîcheur dans ses partitions et en établissant
une continuité évidente entre chaque épisode
? C’est probablement la question que John Williams s’est posée
avant de s’atteler à la composition d’une bande originale
pour ce cinquième Star Wars. A l’écoute
du CD, on peut se dire qu’il n’est pas tout à fait
parvenu à lui donner une réponse.
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La particularité
des films de la saga est qu’ils contiennent à chaque
fois une très longue BO. Pour tout dire, elle y est
omniprésente. Même si le dernier opus n’est prévu
que pour 2005, nous pouvons supposer que la durée totale
de la musique composée par John Williams pour Star
Wars équivaudra à celle des films, soit
un peu plus de douze heures. Pas facile, dans ce cas, de trouver
toute l’inspiration nécessaire.
Les trois premiers épisodes, qui ont posé les
bases de l’histoire, y compris les thèmes musicaux,
bénéficièrent sans conteste de la nouveauté
du genre. De ce fait, Williams nous livra à l’époque
plusieurs morceaux très inspirés qui font désormais
date dans l’histoire de la bande originale de film.
A l’heure actuelle, Star Wars, même s’il bénéficie
d’une popularité tout à fait justifiée,
ne présente plus ce caractère novateur. Du coup,
les images perdent en intensité et Williams peine à
appuyer l’impact dramatique de chaque scène.
Les titres se suivent, mais ne marquent pas les esprits comme
le firent The Imperial March ou Yodas theme
en leur temps. Mis à part Across the Stars (love
theme agréable à écouter bien qu’il ne
soit pas d’une très grande originalité), aucun
grand thème ne vient s’ajouter aux anciens, ce qui
est plutôt décevant. Dans les épisodes
IV, V et VI, chaque personnage clé de l’histoire possédait
son propre thème musical, comme autant d’étapes
dans la progression narrative. Ici, rien. Pourtant le Comte
Dooku ou Jango Fett auraient bel et bien mérité
une telle distinction.
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De plus, des titres tels
que Anakin and Padmé ou The Meadow Picnic
restent assez plats et ne présentent pas grand intérêt.
Alors que les deux séquences qu’ils illustrent s’attachent
à expliquer les raisons de l’amour naissant entre les
deux protagonistes, la musique, elle, ne se contente que de
meubler l’espace sonore sans vraiment donner toute leur mesure
aux images.
Cependant, le compositeur a su aussi capter quelques ambiances
du film et à les transformer en notes. Ainsi Ambush
on Coruscant renferme tout le caractère mystérieux,
à la fois calme et bouillant d’activité, de
la capitale intergalactique. Zam the Assassin and The Chase
through Coruscant colle parfaitement aux images et ne
se contente pas d’illustrer l’action mais semble aussi s’imprégner
des décors, de ces grands immeubles de Coruscant, ternes
et froids. Il faut d’ailleurs remarquer dans ce morceau, la
présence d’une guitare électrique, instrument
peu familier de John Williams mais qu’il cherche à
apprivoiser, comme en témoignait déjà
la BO de Articial Intelligence. Alors si cette présence
n’est pas tout à fait justifiée ici, on ne peut
qu’encourager le compositeur dans sa recherche de nouvelles
formes de musique.
Soulignons également la fantastique transition entre
le thème de la Force et Duel of the Fates dans
Return to Tatooine qui, à n’en pas douter, crée
à elle seule l’atmosphère très particulière
qui se dégage de la succession des plans à ce
moment du film.
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