Synopsis : Un
mystérieux chaman vient perturber une petite communauté
d'inuit en causant une rivalité entre deux familles.
Vingt ans plus tard deux frères courageux mettent au
défi les forces du mal : Amaqjuaq, le Fort, et Atanarjuat,
le Rapide Coureur. Atanarjuat gagne le cœur de la belle Atuat
au détriment du vaniteux Oki, le fils du chef, qui
jure de se venger. Il organise un complot pour assassiner
les deux frères durant leur sommeil.
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Cette édition d’Atanarjuat
est peut-être l’une des plus belles de la rentrée,
dissimulant sous un somptueux habillage une richesse inattendue.
Premier film Inuit de l’Histoire du cinéma, il joue
de son ambivalence artistique, proposant à notre œil
civilisé une perspective torve. Notre pupille occidentale,
si formatée que l’exotisme l’interpelle, perçoit
toujours, derrière la légende passionnante,
une communauté d’autochtones aux mœurs étranges
qui attisent notre curiosité. Intelligent, le coffret
s’engouffre dans cette brèche ethnologique. Les bonus,
nombreux, sont compressés sur un second DVD qui accorde
une large place au décryptage du film, par l’exégèse
d’un anthropologue. Atanarjuat, exaltante épopée
au chamanisme embué, entre amour et meurtre, s’y dévoile
sous un jour plus clair. Les signaux communautaires, évidents
pour un Inuit, mais pour nous définitivement flous
(le film fuit tout souci documentaire), y trouvent un écho
profond. Anti-Nanouk, Atanarjuat est un film
immédiat. Aucun écran scientifique n’en
biaise le regard, scellé dans le mortier de la fiction
avec insistance. Comme un emblème, le dernier plan
élargit le champ jusqu’à cadrer une caméra
: en tournage sur la banquise, une équipe de cinéma
revendique son bonimenteur statut de raconteur d’histoire.
" La légende
de l’Homme rapide ", en l’occurrence, où,
dans le creuset du mythe, les valeurs ancestrales d’une communauté
se transmettent. Le film de Kunuk a cette vocation transgénérationnelle,
héritée du conte oral, de former les esprits
par la mythologie. Comme un concentré ethnique, l’identité
Inuit l’habite sans ostentation, naturellement. Plus qu’un
mode de vie, une philosophie s’en dégage, fusion de
l’homme et des éléments. Le temps y est cyclique.
Les saisons et les climats s’y succèdent, décidant
du jour et de la nuit, de l’animal qu’on chasse et de l’endroit
où l’on habite. Le même éternel retour
contamine les humains : en donnant à chaque nouveau-né
le nom du dernier disparu, les Inuit perpétuent une
certaine idée de la réincarnation.
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Autant de coutumes qui doublent
notre regard, en quelque sorte spectateur tant qu’estudiantin,
sur Atanarjuat. L’idée ultime de ce coffret
est de proposer un juste contrepoint à cet appétit
exotique. Lorsqu’il vint à Cannes, en mai 2001, pour
présenter son film (et y rafler la Caméra d’or,
prix du meilleur premier film), Zacharias Kunuk emporta une
petite caméra numérique. Son odyssée
en terre française, dépucelage doux-amer à
l’ironie diffuse, inverse le dispositif de découverte,
invoquant cette fois un objectif très didactique. Ce
journal de bord, artisanal et désincarné, peaufine
le concept du coffret sans emporter l’adhésion. Mais
l’essentiel est là, substituant aux classiques filmographies
des comédiens et cinéaste, ici débutants,
une plongée instructive dans une vie inconnue et, surtout,
deux pas hésitants vers l’altérité.
BONUS
: un entretien avec l'anthropologue Bernard Saladin d'Anglure,
un court métrage de Zacharias Kunuk sur son expérience
du festival de Cannes, une interview du réalisateur
et du directeur de la photographie Norman Cohn, une interview
du comédien Natar Ungalaaq, une présentation
des personnages de la légende, la bande-annonce cinéma
et un extrait de Nanouk l'Esquimau de Robert Flaherty.
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Titre
: Atanarjuat, la légende de l'homme
rapide
Réalisateur :
Zacharias Kunuk
Acteurs
: N. Ungalaaq, S. Ivalu, P.-H. Arnatsiaq, L. Tulugarjuk
Scénario
: Paul Apak Angilirq
Photo
: Norman Cohn
Editeur
: Editions Montparnasse
Public légal
: tous publics
Langue
: version originale sous-titrage français
Format image
: 1.77
Format écran
: 16/9 compatible 4/3
Divers
: couleur
Durée
: 172 mn
Zone
: 2
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