Synopsis : Au
début des années 90, alors en proie à la guerre civile et
à une famine sans précédent, la Somalie est sous le joug du
chef de guerre Mohamed Farrah Aidid, qui n'hésite pas à s'accaparer
les vivres distribuées par l'aide humanitaire. À la demande
de l'ONU, qui souhaite vivement l'arrestation d'Aidid, des
Rangers mettent sur pied une opération destinée à capturer
plusieurs chefs de guerre proches d'Aidid, repérés au cœur
de la capitale, Mogadiscio. Le 3 octobre 1993, l'offensive
menée par des jeunes hommes des forces spéciales était censée
se dérouler proprement, en une demi-heure. Elle va tourner
au désastre…
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Il s’est dit que La
Chute du faucon noir était un film triomphaliste,
à la gloire américaine. C’est oublier qu’il
n’est qu’un fragment de conflit, une tranche amère
à la chronologie restreinte, et surtout, une opération
manquée qui tourne à la boucherie. Au début
des années 90, la milice somalienne, sous les ordres
du Général Aidid, asservit son pays. Une journée
noire, centre névralgique, et temps diégétique
du film. Les forces américaines interviennent dans
ce qui devient, guerre contre guérilla, un Viêt-nam
avorté. Les marines, peu après, quitteront Mogadiscio.
Capter le poids de l’Histoire, endurer son horreur. La ligne
éditoriale de ce coffret est claire : proposer,
en contrepoint au film, la véracité des faits
dont il s’inspire, pour exalter son degré de réalisme.
C’est que la guerre, dans La Chute du faucon noir,
n’est pas un thème ou un support. Elle habite le film,
l’incarne, jusqu’à étouffer tout autre enjeu.
Le fracas prime, précédé de rapides préparatifs,
puis rythmé, deux heures durant, par l’enchaînement
des raids militaires. Aucun scénario, pas de questionnement.
Une brutale volute, un chaos occulte au cœur duquel l’issue
compte plus que la narration qui y mène. Les caractères
ne s’y brossent que dans l’endurance, la soumission :
on obéit sans discuter, on bronche parfois, sans se
rebeller. On contemple un instant le désastre, sans
comprendre, avant de se reprendre pour foncer.
Ces moments de repos, ces failles dans la fureur s’attardent
sur des regards désabusés par l’engrenage malchanceux.
Exorciser. Deux documentaires s’en chargent, éclairant
l’Histoire dans sa brutale réalité. A croiser
les protagonistes originels, on n’entrevoit que plus le simulacre,
commandant aux scénaristes de s’arranger avec la vérité.
Les personnages fusionnent pour enrichir les caractères,
les stratégies se font moins subtiles pour paraître
plus claires, les lieux et horaires sont lissés. Le
projet de Scott se dévoile : opposer, quitte à
tricher, la limpidité d’un programme militaire au carnage
désordonné qu’est son application ; juxtaposer
les mots du stratège aux maux des combattants.
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Ce fossé entre
les metteurs en scène de la guerre et leurs acteurs
malheureux, le making of le stigmatise, d’une étrange
manière. Le principe de reconstitution, rejouant les
scènes au plus près, requiert un même
briefing pour l’équipe de tournage que pour les soldats
en Somalie. Relais glaçant, Ridley Scott prépare
ses morceaux de bravoure comme le commandant américain
prépara son attaque, maquettes et prophéties
à l'appui. Une même conférence jouée,
en troisième instance par les acteurs du film. La
Chute du faucon noir, c’est un peu l’apologie du plan.
Celui qu’on prépare minutieusement et qui foire (la
réalité, puis la fiction), mais aussi celui
qu’on prépare minutieusement (le cinéma) et
qui réussit, optiques discutables, à ennuyer,
perdre ou faire vomir…
BONUS :
Avec ce coffret inépuisable, on pénètre
le film pour le voir imploser. Les commentaires simultanés,
le making-of, les scènes coupées ou la fin alternative
sont autant d’échafaudages qui rappellent la guerre,
si réaliste soit son rendu, à son simulacre.
Les archives militaires, résonance amère, effectuent
le trajet inverse.
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Titre :
La Chute du faucon noir
Titre VO :
Black Hawk Down
Acteurs :
Josh Hartnett, Ewan McGregor, Sam Shepard, Tom
Sizemore, Eric Bana, William Fichtner
Producteur
: Jerry Bruckheimer
Editeur :
Éditeur : G.C.T.H.V.
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