Le
film de François Ozon, riche en rebondissements, se
devait de présenter une musique légère
tout en gardant en filigrane l’atmosphère pesante du
drame qui s’y déroule. L’intéressante combinaison
entre chansons de variété et musique symphonique
a permis au réalisateur d’illustrer son film de façon
plutôt réussie.
Huit femmes, huit chansons. L’extrême richesse de la
chanson de variété a donné à Ozon
la possibilité de définir la personnalité
de chacune de ses protagonistes d’une manière qui colle
parfaitement à l’univers décalé du film.
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En
effet, dans une histoire où les personnages se cachent
derrière une apparence pompeuse et quelque peu bourgeoise,
le réalisateur a eu l’excellente idée de se
ménager quelques pauses musicales afin de mettre à
nu ses huit protagonistes. Dès lors, il s’en donne
à cœur joie et orchestre chaque mouvement de caméra
en symbiose avec les déplacements des personnages.
Le temps de la chanson, c’est à un véritable
spectacle que nous assistons. A l’instar du clip musical,
Ozon met autant en valeur la musique que ses interprètes.
Mais ceci supposait un exercice plus périlleux : les
actrices allaient devoir chanter. Pour François Ozon,
"il était important [...] qu’il n’y ait pas de différence
entre la voie chantée et la voix parlée".
Et même si le résultat n’est pas toujours parfait,
c’est un vrai bonheur d’entendre Ludivine Sagnier chanter
un Papa t’es plus dans le coup dans le plus pur style
yé-yé ou Fanny Ardant entonner un sensuel A
quoi sert de vivre libre. Selon le réalisateur,
"leur interprétation privilégiant la fragilité
et l’émotion est bouleversante". Nous le rejoignons
sur ce point.
Mais cette bande originale n’est pas uniquement constituée
des chansons du film. Elle présente également
les douze morceaux que Krishna Levy composa pour Huit femmes.
Douze titres qui font largement place à la mélancolie
du piano de Raoul Duflot et à la douceur des cordes
du Bulgarian Symphony de Sofia, dirigé par Elena Chouchkova.
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La
musique va chercher au plus profond d’eux-mêmes la véritable
nature de chaque personnage, particulièrement dans
les moments d’intimité, comme en témoignent
les titres de certains morceaux : Pierrette seule,
Augustine seule ou encore Envie d’être belle.
Pour répondre à la complexité des personnages,
la musique, elle se fait relativement simple. Un violon solo,
un piano solo viennent ainsi régulièrement percer
dans l’espace sonore.
Mais le score de Krishna Levy sert aussi à appuyer
les péripéties du film, véritables bouleversements
dans l’histoire relativement plate des personnages. Rien d’étonnant
donc à ce que l’on trouve sur le cd des morceaux tels
que Augustine s’évanouit dans lesquels Levy
explore le domaine de la panique. De même, La machination
semble tout droit sorti d’un film à suspense, qui nous
laisse inévitablement supposer la révélation
d’une quelconque extraordinaire vérité.
Krishna Levy, qui a récemment composé quelques
morceaux pour la bande originale du Boulet d’Alain
Berberian et Frédéric Forestier, livra, avec
Huit femmes, un score en adéquation totale avec
le rythme et l’ambiance du film. Le cd offre en outre la possibilité
d’écouter les actrices chanter, parfois même
très bien. Que demander de plus ?
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Titre :
8 Femmes
Réalisateur :
François Ozon
Compositeur :
Krishna Levy
Interprètes :
Ludivine Sagnier, Isabelle Huppert, Firmine Richard,
Danielle Darrieux, Emmanuelle Béart, Catherine
Deneuve, Fanny Ardant, Virginie Ledoyen
Editeur :
WEA
Qualité :
DDD
Durée :
60 minutes
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