UNE HISTOIRE DE
SF HORS DU COMMUN
Solaris fait figure d’exception parmi les œuvres
de science fiction écrites dans les années 60.
Elle est une des plus originale dans sa narration. La première
partie est axée sur l'enquête de Kelvin vis-à-vis
des occupants de la station aux comportements étranges
et secrets. La tension monte et devient de plus en plus angoissante,
laissant envisager une révélation surprenante
sur cet Autre mystérieux que représente l’océan
protoplasmique.
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Or, l'histoire dévie
sur la relation Kelvin/Harey, son ancien amour dont il se
sent responsable du suicide, il y a plusieurs années
de cela. La réapparition d'Harey au réveil de
Kelvin, un "beau" matin, et son incapacité à
s'en débarrasser pour de bon, le laissent en proie
au doute et à l’introspection, car en dépit
de tous ces efforts, les communications avec cet océan
semblent irrémédiablement vouées à
l'échec. Ainsi, les véritables révélations
que trouvera Kelvin seront surtout axées sur lui-même
et non sur l'océan, les "visiteurs" étant en
réalité une projection de la mémoire
des Solaristes.
C’est cette dimension de miroir qui rend le roman si singulier
et si percutant. Cette notion nouvelle de découverte
de soi même à travers la quête de l’autre.
Le roman accuse pourtant certains points faibles qui rendent
sa lecture parfois pesante.
Les digressions scientifiques où le lecteur se perd
sont difficiles à saisir dans le roman. Lem nous inonde
d’hypothèses scientifiques détaillées
pour expliquer le phénomène auquel les chercheurs
sont confrontés Des formulations (souvent des néologismes)
très compliquées à comprendre pour le
néophyte. De plus, ces passages ne nous en apprennent
guère plus sur les personnages et font ralentir l’intrigue
principale. Sans aller jusqu’à affirmer l’inutilité
de ces hypothèses, Lem aurait gagné en efficacité
dans son récit, en raccourcissant les passages concernés.
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L’absence réelle
de dénouement n’est pas à proprement parler
un problème. On comprend que Kris Kelvin a gardé
la foi et continue à rechercher ce Contact inespéré
avec l’Océan. Quelques questions restent non résolues :
par exemple, on ne saura jamais quels sont les autres "invités"
imposés aux collègues de Kelvin, Snaut et Sartorius,
ni quel avenir attend Kris. L’auteur a laissé ces mystères
à la charge de l’imagination de son lecteur.
Lem s’est emparé du domaine de la science-fiction pour
y assouvir d’abord une grande passion scientifique, et démontrer
une idée qui aujourd’hui nous apparaît plus que
d’actualité : à savoir que parfois, l’homme
doit d’abord poursuivre une quête identitaire pour pouvoir
espérer un jour communiquer avec un Autre, quel qu’il
soit.
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Titre : Solaris
Auteur : Stanislas
Lem
Editeur : Gallimard
Collection : Folio
Science-Fiction, N° 92
Format : 11 cm
x 18 cm
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