SYNOPSIS
: « Un copain déposera un colis et passera le reprendre
plus tard ». Tel est le message laissé par Jacques, avant
son départ pour le Japon, à Pierre et Michel les deux compères
avec lesquels il partage un luxueux appartement. Comme prévu,
le colis arrive et à la stupéfaction générale, il s'agit d'un
bébé... Adieu liberté et aventures sans lendemain. |
....................................................................
|
|
 |
|
|
Rétrospectivement, il paraît
invraisemblable que le succès surprise de Coline Serreau soit
reparti avec les récompenses principales de la cérémonie des
Césars en 1985. Petite comédie sans prétention, acteurs déjà
plus ou moins has been, mise en scène atroce, scénario
poussif… Si le succès public peut aisément s’expliquer par
le côté opportuniste du propos, la façon dont ce film est
resté dans la mémoire collective des spectateurs reste un
véritable mystère, que la sortie récente d’une suite vient
relancer. Phénomène de mode ou de société ? Toujours
est-il que la réalisatrice a su trouver le ton juste, ton
qu’elle recherchera tout au long de sa carrière sans jamais
le retrouver, alternant comédies moralisatrices à l’extrême
(La Crise) et thèses écologiques lourdingues (l’exécrable
Belle verte). Le ton devient lourd, le thème pesant,
jusqu’à atteindre le désastre total, le ratage absolu du film
Chaos, véritable projet immonde dans lequel la réalisatrice
se livre à une dénonciation en DV de la condition des prostituées
maghrébines en France. Au contraire, 3 hommes et un couffin,
par sa légèreté, son côté indolore, reste dix-huit ans après
sa sortie un petit moment de fraîcheur, éphémère, anodin,
mais agréable.
 |
|
|
|
Pourtant, force est de reconnaître
que le film contient un grand nombre de défauts indiscutables,
à commencer par cette sombre histoire de drogue qui parasite
totalement la première demi-heure du métrage. Intrigue de
polar mal maîtrisée, qui a le don de tomber comme un cheveu
sur la soupe au milieu d’un film auquel elle donne un ton
bancal, ce quiproquo faiblard reste la véritable erreur d’un
scénario qui joue ainsi sur deux tableaux. Et que dire de
ces deux gangsters ratés, de ces enquêteurs incapables, tous
joués avec amateurisme par des acteurs judicieusement oubliés ?
Totalement improbable, cet échange d’un paquet contenant des
sachets d’héroïne plombe littéralement le film, et le fait
donc commencer avec trente minutes de retard, après que les
trois compères ont livré le colis aux dealers. Passée cette
erreur, le film trouve facilement son rythme de croisière,
enchaînant les scènes désormais cultes (celle de la pharmacienne
reste un petit régal), les engueulades mythiques, les numéros
d’acteurs amusants (Michel Boujenah, en dessinateur de bandes
dessinées perturbé par ses personnages). L’on peut malgré
tout se demander, quinze ans après, ce qu’il peut rester d’un
pareil film, tellement ancré dans les années 80, à l’allure
potache finalement proche de celle d’un film de bidasse ou
de sous-doués. Quelques dialogues, les tronches incroyables
des trois acteurs (à quand le retour de Roland Giraud au cinéma ?!),
et une légèreté désuète définitivement abandonnée qui nous
rend irrémédiablement nostalgiques. Quelque part, c’est triste.
BONUS : Pour un
DVD anniversaire censé aider la carrière du nouvel opus de
Coline Serreau, cette édition, ne proposant que peu de bonus,
est une réelle déception. Quelques interviews éclairant le
caractère des personnages (notamment les très bonnes interventions
de Boujenah expliquant la démarche comique de son rôle), l’interview
de la réalisatrice, et deux ou trois clips musicaux (dont
un en karaoké !). C’est peu. La bande-annonce, quant
à elle, nous ramène 18 ans en arrière, c’est déjà pas si mal.
 |
|
 |
|
Titre : 3 Hommes
et un couffin
Réalisateur : Coline
Serreau
Scénariste : Coline
Serreau
Acteurs : Roland Giraud,
Michel Boujenah, André Dussolier, Dominique Lavanant,
Philippine Leroy-Beaulieu
Directeur de la photographie
: Jean-Yves Escoffier et Jean-Jacques Bouhon
Editeur : Editions Montparnasse
Public légal : tous
publics
Pays : France
Année : 1985
Durée : 1h40
Zone : 2
|
|
|