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Une hausse notable de la
qualité des courts-métrages présents dans la désormais célèbre
compilation d’Antiprod se confirme avec ce quatrième volume.
Si jusque là ces DVD comptaient un film fort (Mon copain
Rachid pour le premier, Backroom pour le second,
Mauvaise Fréquentation pour le troisième) et quelques
autres sympathiques (avec aussi, parfois d’authentiques navets),
cette fois il y a vraiment un niveau quasi égal sur toute
la longueur. D’autant plus paradoxal qu’on serait tenté de
croire que le filon pourrait s’épuiser avec le temps et qu’il
serait d’autant plus difficile pour l’éditeur de trouver des
courts-métrages gays intéressants.
Le chef d’œuvre de ce DVD est sans contexte le sublime Saint
de Bavo Defurne, film muet en noir et blanc mettant en scène
l’exécution du martyr Saint-Sébastien, icône gay par excellence.
On croirait voir une photographie de Pierre et Gilles animée,
d’un esthétisme inouï où tous les plans sont chargés de connotations
sexuelles métaphoriques des plus jubilatoires. Le corps du
jeune homme condamné est filmé avec une admiration et une
contemplation proche de l’extase. Le travail sur l’image rappelle
celui de Guy Maddin, réalisateur canadien trop méconnu, qui
a pour particularité de recréer une esthétique proche de celle
du cinéma muet des années 10.
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Toujours dans un style ultra
esthétique, le film The Burning boy met en scène deux
adolescents dont la confrontation finira par être fatale.
La surenchère visuelle, assez inhabituelle pour ce genre de
sujet intimiste, crée une sorte de décalage intéressant.
Plus classique, Family Outing est construit
selon le principe du film à chute, dont celle-ci fait particulièrement
froid dans le dos. Le Planeur est une histoire d’amour
plutôt étrange entre deux trentenaires déséquilibré, loin
de tous les clichés gays habituels.
Dans la même veine « au fil du rasoir », La Fin
de la nuit d’Etienne Faure, qui fait figure de bande annonce
pour le long-métrage In Extremis, évoque une rupture
épileptique entre deux jeunes désabusés, dans le milieu de
la nuit. Drogue, alcool et cul font bon ménage dans ce film
enlevé, sur fond de musique techno, au style emprunté mais
toujours efficace. La présence de Sébastien Roch (ex-« Cricri
d’amour » d’Hélène et les garçons) désireux de
casser son image (c’est réussi) et de Bambou (ex-madame Gainsbourg)
est pour beaucoup dans la réussite de l’ensemble. La réalisation
est un mélange de Lynch et Zulawski mâtiné de Nouvelle Vague,
qui, à défaut d’être personnelle, a au moins le mérite de
bien transmettre le spleen existentiel d’une « génération
désenchantée ».
En revanche, on se serait bien passé de La Famille selon
Mathieu, qui cumule vraiment toutes les tares (mal joué,
atrocement mal découpé, scénario ultra téléphoné) et dont
on imagine que la présence sur ce DVD n’est due qu’à la participation
de Christian Vadim (fils de Catherine Deneuve et Roger Vadim).
Espérons que les rumeurs d’interruption de la collection seront
démenties, tant on est ravi de découvrir à chaque fois des
courts-métrages sur un sujet commun, mais nourris de différentes
cultures, libres et enrichissants, surtout s’ils tendent vers
la qualité comme c’est le cas ici.
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Titre : Courts
Mais Gay Volume 4
Editeur :
Antiprod
Durée :
100 min
Les courts métrages :
La Fin de la nuit
d’Etienne Faure
La Famille selon Mathieu
de Laurence Charpentier
Le Planeur d’Yves
Cantraine
Family Outing
de Ben Mc Cormack
Lust de Dag Johan
Haugerud
Chicken de Barry
Dignam
Espacio 2 de
Lino Escalera
Saint de Bavo
Defurne
The Burning boy
de Kieran Galvin
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