LIVRE Allan Dwan,
la légende de l’homme
aux mille films
Sous la direction de Charles Tesson
Par
Stephen SARRAZIN
Voici un drôle d'objet,
fascinant, que les Américains savent si bien faire, les Anglais
encore un peu, quant aux autres... Un livre qui souligne,
une fois de plus, qu'il existe une autre histoire du cinéma,
une histoire parallèle, qui est à la fois celle de Griffith,
De Mille, et son contraire, celle d'une grande forme et de
sujets moins « nobles », moins épiques. Le cinéma
d'Allan Dwan n'était pas celui de la naissance d'une nation,
ni de l’intolérance, et moins encore des Dix Commandements,
mais celui de la légèreté, de la grâce de Robin des Bois,
de Douglas Fairbanks, des « autres » films de la
sublime Gloria Swanson. Un des fondateurs du cinéma qui devint
un seigneur de la série B, chez RKO, et Republic Pictures,
qui tourna son dernier film en 1961.
Dwan c'est aussi, avec Tourneur
et tous ces autres petits maîtres..., un cinéaste de chevet
pour la dernière grande percée critique produite par les Cahiers
: Biette, Daney, Skorecki. Biette et Daney, chacun disparu
trop tôt, alors que Dwan lui frisait le centenaire, figurent
dans ce livre. Mais incontestablement, le cœur du livre est
l'extraordinaire entretien de Peter Bogdanovich, traduction
de son Last Pioneer des années 70, et raison suffisante
d'acquérir cet ouvrage. On retrouve aussi d'autres somités
historiques, dont Kevin Brownlow et David Robinson. À côté
desquels les textes des rédacteurs actuels des Cahiers,
dans la section 2002, Les Cahiers du Côté chez Dwan,
font un peu pale figure. À l’exception du papier de Nicolas
Saada (que je salue chaleureusement) sur The River's
edge. Si Saada n'a ni la dimension théorique d'un Daney,
ni l'écriture d'un Biette ou l’insolence d'un Skorecki, il
est un des derniers à avoir su préserver le ton, sinon l'esprit
de ce que furent les Cahiers, auxquels nous souhaitons
de trouver les moyens d'aller de l’avant, dignes de cet héritage.
Je garde un vague souvenir
d'un film de Wenders, plutôt un bon souvenir de l'Etat
de Choses, outre celui que Wenders avait récupéré une
partie de l'équipe d'un film de Ruiz qui terminait un tournage
au Portugal. Dans l'Etat des Choses, on découvrait
un tournage en panne, plus d'argent, un remake, me
semble-t-il, d'un film d'Allan Dwan. Si je me trompe, je préfère
suivre la ligne de Ford, et imprimer la fiction, celle de
la légende de Dwan, à laquelle, de toute évidence, ce dernier
adhère dans l'entretien de Bogdanovich : il découvrit Victor
Fleming, en fit son opérateur, Lon Chaney et John Ford furent
ses accessoiristes, et Von Stroheim son assistant.
Titre : Allan Dwan, la légende de l’homme aux mille
films Sous la direction de :
Charles Tesson Entretien avec Allan Dwan :
Peter Bogdanovich Filmographie :
Pierre Guingle. Textes de : Kewin
Brownlow, David Robinson, Michael Wilson, Kent
Jones, Raymond Durgnat, Jean-Claude Biette, Jacques
Lourcelles, Jean-Loup Bourget, Charles Tesson,
Giorgio Gosetti, Bill Krohn Editeur : Cahiers
Du Cinema Collection : Auteurs