SYNOPSIS - Le genou de claire
: Jérôme, 35 ans, en villégiature prés d’Annecy, rencontre par
hasard Aurora, romancière roumaine dont il avait fait la connaissance
six ans plus tôt. Elle l’invite chez elle et lui présente sa
propriétaire, Madame W., qui vit en compagnie de ses filles
Laura et Claire. Sur le point de se marier, Jérôme est mis au
défi par Aurora d’exercer sur les deux jeunes filles son pouvoir
de séduction.
SYNOPSIS - L’amour l’après-midi
: Associé dans un cabinet d’affaires,
Frédéric est un mari amoureux et fidèle et père d’un enfant.
Il médite néanmoins sur son rapport aux femmes, à la sienne
et à celles qu’il croise dans sa vie quotidienne. Un jour la
maîtresse d’un de ses amis de jeunesse reprend contact avec
lui. C’est Chloé, une femme impulsive et imprévisible. Il lui
apporte d’abord une aide matérielle et morale mais ressent bientôt
pour elle des sentiments qui dépassent ceux de la simple amitié. |
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Très sobrement édités, ces
deux DVD nous replongent dans l’atmosphère délicate et délicieuse
des contes moraux.
Le genou de Claire
est un carnet de vacances soigneusement tenu au jour le jour
dans lequel un homme d’expérience aurait consigné ses aventures
(aussi modestes soient-elles) et ses états d’âme. Le carnet
est propre, stylé, plein de ce que l’été offre en abondance :
le désir sans lendemain, les raffinements de la séduction,
les stratégies amoureuses, les instants immémoriaux. Dans
ce carnet, les personnages sont beaux, leurs manières sont
impeccables, tout comme la logique et l’harmonie qui président
à leurs conversations. Rien ne dissone dans cet espace, le
quotidien, constamment, est réinventé, et la vie se déroule,
légère, ponctuée d’amourettes, de jeux innocents et sacrés.
Car le sacré ici ne naît
pas d’une cuisse, mais d’un genou. Et ce genou ne nous apparaît
qu’à la fin du film, comme si, recourant à une vieille méthode
issue de la littérature, et reprise dans le cinéma moderne
(notamment par Rossellini) Rohmer prenait un malin plaisir
à laisser couler la première heure, maigre en fantasmes et
surtout en conquêtes, pour contrarier l’instant d’après le
récit en introduisant Claire, icône insaisissable qui rompt
le jeu quotidien, et bouleverse les personnages tout autant
que le spectateur. Ce genou est à Brialy (le protagoniste
dans le film) ce que le Stromboli est à Ingrid Bergman, seulement
la révélation ici n’est pas chrétienne, mais profane. Caresser
ce genou, c’est effleurer un secret, celui de l’innocence
et dans le même temps du pêché (le profane et le religieux
à la réflexion se confondent peut-être), c’est susciter le
désir tout en calmant un sanglot. J’ignore si j’ai raison
de comparer ces deux types de révélations. Elles n’ont sans
aucun doute pas la même portée. Le processus est néanmoins
le même, car dans les deux cas, les personnages ont l’intelligence
soudaine (ce qu’en psychanalyse, on appelle l’insight)
que cette chose qu’ils touchent ou aperçoivent est autre chose
qu’elle-même, qu’elle constitue à elle seule non pas un symbole,
un signe, mais une raison qui les dépasse, qui ordonne le
monde et en constitue la part secrète. Le genou est le sujet
même du film, est en même temps, il lui échappe. La caresse
du genou est à la fois un événement encré de pleins pieds
dans la diégèse et un instant de contemplation suspendu au-dessus
des autres images montées - il est un surgissement qui refuse
de s’inscrire dans la continuité narrée car sa nature n’est
pas d’expliquer mais de révéler. Le genou n’est pas un film,
c’est une apparition.
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