La couverture du dernier ouvrage de Jaqueline
Nacache nous présente la jolie frimousse d’Audrey Hepburn dans
Diamants sur canapé, collier de perles et porte-cigarette
à la main. Analyste et historienne du cinéma, très attachée
au cinéma américain (elle publia notamment un essai sur le cinéma
américain classique dans la collection 128), Jaqueline Nacache
est aussi professeur dans différentes universités parisiennes
où elle enseigne l’art controversé de la critique de cinéma.
Elle se penche avec ce livre tant sur l’acteur que sur sa présence
dans l’analyse et la critique : l’acteur est-il trop montré
ou au contraire délaissé ? Quelle est et quelle a été la
place de l’acteur depuis les débuts du cinéma jusqu’à aujourd’hui ?
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En nous proposant le visage
souriant d’Audrey Hepburn en couverture, Jaqueline Nacache
pose déjà une question. Visage et silhouette ultra-médiatisés,
style affirmé et reconnaissable entre tous, et pourtant tant
reproduit, Audrey Hepburn représente l’acteur rêvé, celui
qui est à la fois star et artiste, ou plutôt que le public
comme les critiques considèrent aussi bien comme un acteur
à part entière que comme une icône (actrice de goût, femme
exemplaire, icône de mode).
Ce n’est pas tant une analyse
du jeu de l’acteur ou même de sa fonction sociale que l’auteur
nous propose, mais plutôt une étude historique. Et pour cela,
Jaqueline Nacache n’hésite pas à remonter aux conceptions
ancestrales de l’acteur avec Platon puis Aristote, retraçant
leur haine ou leur amour de l’acteur, leur philosophie du
jeu et du spectacle. Mais en remontant aussi loin, il faut
également se heurter au problème (persistant et toujours actuel)
de l’acteur de théâtre, ou comment le théâtre s’est infiltré
au cinéma pour peu à peu l’en nourrir ou s’en nourrir, parfois
pour le pourrir et l’immobiliser. La première partie a donc
une très forte portée didactique qui rebutera peut-être les
initiés mais qui a le mérite de rafraîchir les mémoires défaillantes
par un survol toutefois assez rapide.
La seconde partie s’attache
à la présentation des différentes théories actorales :
Stanislavski, Koulechov, Eisentsein… qui fondèrent une certaine
conception de l’acteur, le réduisant parfois à l’état d’objet,
d’autre fois le faisant caractère fondamental du cinéma.
L’acteur apparaît, avec
ces deux premiers chapitres, comme un élément perturbateur
et éminemment complexe du cinéma. L’auteur s’interroge alors :
qu’est-ce qu’être acteur de cinéma, ou plutôt, qu’est-ce que
le jeu ? Pour nous éclairer, elle convoque quelques acteurs
types et leurs jeux si particulier : Brigitte Bardot,
Emil Jannings…, tout en les reliant à leur époque et aux évolutions
techniques : l’apparition du parlant par exemple, qui
posa nombre de problèmes aux acteurs (Jaqueline Nacache ne
manque pas de nous rappeler les funestes aventures d’actrices
aux voix inaudibles).
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