Le numéro 39 de 1895, revue d’histoire
du cinéma, est consacré aux pyrotechnies. Cette « histoire
du cinéma incendiaire » a de quoi intriguer, d’autant
plus que la couverture est illustrée par une photo où des
jets d’eau semblent exploser depuis des bottes de caoutchouc.
Car si le mot incendie convoque le feu, la brûlure, voire
la destruction, il appelle également l’explosion. C’est bien
elle que les historiens de 1895 interrogent : celle naturelle
des volcans par exemple, mais également l’explosion cinématographique,
avec ses effets spéciaux, dont Méliès fut l’incomparable représentant.
L’explosion lumineuse éblouie, elle trompe, fait disparaître
dans un nuage de fumée comme elle peut faire apparaître dans
les flammes.
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L’explosion crée des effets éphémères :
un ciel coloré par les étoiles d’un feu d’artifice, des gerbes
de lave menacent un instant le paysage. Pourtant, ce phénomène
peut instantanément figer la terreur et les hommes pour l’éternité.
Des estampes japonaises aux photographies de Haroun Tazieff,
de Méliès à Tsui Hark, 1895 dresse le portrait éclectique
de ce que les auteurs baptisent « pyrotechnies ».
Les chapitres se succèdent sans véritable lien que celui de
l’éclatement.
Au sein de cette mosaïque s’insinue une étrange explosion :
celle de la tarte à la crème. Buster Keaton fait son histoire
du comique dans laquelle le genre est partagé en six périodes,
en débutant par « l’âge de l’explosion », suivie
de « l’âge du fromage blanc », « l’âge du policeman »,
« l’âge de l’automobile », « l’âge du costume
de bain », et s’achève sur « l’âge actuel »,
qui « marquerait une prise de conscience importante »
(p. 75.) Le burlesque à lui seul semble rassembler toutes
les formes d’explosion possibles : incendies, tartes
à la crème, mais aussi récit qui fonctionne de manière explosive,
structurellement parlant. Ce chapitre crée un pic analytique
dans l’ensemble de la revue : la fiction est abordée
de plein fouet. Ensuite, la figure même de l’explosion reprend
ses droits : la lave en fusion, la bombe H…
Comment a été et est filmé l’explosion ? Voici la question
que se pose à travers quatre chapitres la revue 1895. Abordant
des figures évidentes, d’autres plus inattendues, les auteurs
jouent avec les motifs d’une façon ouvertement jubilatoire,
laissant libre cours aux sensations que provoquent ces chocs
visuels.
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Collection :
1895
N° : 39 – Février
2003
Titre : Pyrotechnies
- Une histoire du cinéma incendiaire
Sous la direction de :
Thierry Lefebvre, Laurent Le Forestier, Philippe-Alain
Michaud
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